11 |MODES D’APPROVISIONNEMENT EN EAU ET RISQUE DE MALADIES HYDRIQUES DANS LE QUARTIER BALOUZON A DALOA (CENTRE-OUEST- COTE D’IVOIRE)
WATER SUPPLY MODES AND RISK OF WATER DISEASES IN THE BALOUZON DISTRICT IN DALOA (CENTER-WEST- COTE D’IVOIRE)
Mots-clés:
Daloa| Balouzon| accès| eau potable| maladies hydriques|Résumé
L’accès à l’eau potable est un droit reconnu à tout individu. Mais dans les pays en développement, son accès reste encore un luxe pour les populations. Cette étude met en évidence les risques de maladies hydriques qui résultent des différents modes d’approvisionnement en eau potable. Elle est basée sur la recherche documentaire et l’enquête de terrain auprès des ménages du quartier Balouzon dans la ville de Daloa. Les résultats montrent que 90,51% des enquêtés stockent de l’eau tandis que 09,49% des ménages ne conservent pas de l’eau. L’on constate également que 15,33% des ménages utilisent l’eau stockée pendant un jour, 44,53% conservent l’eau pendant deux jours, respectivement 17,52% et 22,63% des ménages enquêtés ont une durée de stockage de l’eau pendant trois jours, voire plus. Ainsi, les pathologies les plus fréquentes à Balouzon sont les maladies diarrhéiques (52,54%) et la fièvre typhoïdes (15,25%). Ces deux pathologies sont suivies par les cas de dermatoses (11,86%). La promotion du traitement et de la bonne conservation de l’eau à usage domestique et l’amélioration des infrastructures sont un moyen complémentaire pour réduire les maladies à transmission hydrique.
Introduction
L’eau est l’élément fondamental de la vie. L’eau potable et l’assainissement sont indispensables à la vie et à la santé. Ils sont essentiels à la dignité de tous. Pourtant 884 millions de personnes n’ont pas accès à des sources d’eau de boisson améliorées et 2,5 milliards de personnes à des installations d’assainissement améliorées. La crise actuelle de l’eau et de l’assainissement trouve son origine dans la pauvreté, l’inégalité et des rapports de force inéquitables, et elle est aggravée par des problèmes sociaux et environnementaux, comme l’accélération de l’urbanisation, les changements climatiques, ainsi que l’accroissement de la pollution et l’appauvrissement des ressources en eau (OMS, ONU-HABITAT, 2011, p. 1).
L’approvisionnement en eau potable ne couvre qu’à peine 60 % de l’Afrique subsaharienne, alors que la moyenne mondiale atteint environ 87 %. Sur les 884 millions de personnes dans le monde qui continuent à puiser l’eau dans les sources non potables, 37 % vivent dans cette région. La mise à disposition de sources d'eau améliorées dans les zones urbaines a stagné à 83 % entre 1990 et 2008 (UNESCO-WWAP, 2012, p. 8).
En Côte d’Ivoire, l’accès à l’eau potable se pose avec acuité et représente aujourd’hui un défi majeur pour les autorités. Pour porter le taux d’accès global de 69% en 2016 à 95% en 2020 dans le cadre du plan d’actions prioritaires (2017-2020), l’État ivoirien a préparé un programme d’accès au service à prix réduit, afin de permettre notamment aux familles à faibles revenus de disposer d’un service public d’eau potable à domicile. Ce programme dénommé ‘’Eau Pour Tous’’ (PEPT) devrait fortement contribuer à améliorer l’accès au service avec l’objectif de desserte en 2020 de 100% à Abidjan et de 75% à l’intérieur du pays (SODECI, 2016, p.45). L’accroissement de la demande en eau potable a conduit l’État de Côte d’Ivoire à investir pour le développement des installations de production. Ces investissements ont permis à la SODECI d’augmenter sa production d’eau potable sur l’ensemble du territoire. En 2016, l’entreprise a produit 242,4 millions de m3 d’eau potable, contre 227,4 millions de m3 en 2015, soit une hausse de 6,6%. À l’intérieur du pays, le taux de croissance de la production s’améliore également, avec une appréciation de 8,3% en 2016 par rapport à 2015 (SODECI, 2016, p. 42-43).
Bien que des progrès aient été réalisés dans l’amélioration de l’accès à l’eau, la situation reste désespérée dans de nombreuses villes comme Daloa. Avec une population de 591 633 habitants en 2014, l’on dénombre 15,50% de ménages qui ont de l’eau courante dans le logement, 11,67% des ménages ont accès à l’eau courante dans la cour et 65,70% ont recours aux puits (INS-RGPH, 2014). La problématique d’accès à l’eau potable est une préoccupation majeure pour les populations et les autorités de la ville. En ceci, les contraintes telles que la pollution de l'eau, l'assainissement défectueux, la surexploitation des ressources en eau, les pénuries d’eau potable, l'émergence des maladies hydriques constituent autant de menaces pour les communautés urbaines de Daloa. Les maladies diarrhéiques connaissent une évolution de 2016 à 2018. En 2016, l’incidence des cas de diarrhée enregistrés qui était de 04,02‰ a atteint 17,01‰ en 2018 (RASS, 2018, p.136).
La pénurie d’eau est fortement ressentie dans le milieu urbain comme dans le milieu rural. Ce déficit d’accès à l’eau potable pousse les populations locales à trouver d’autres sources d’approvisionnement pour répondre à leur besoin. À cet effet, les populations s’adonnent à la consommation de l’eau de qualité douteuse issue des puits traditionnels ce qui pourrait avoir des effets néfastes sur la santé des populations.
Les maladies telles que les affections gastro-intestinales, les diarrhées et le cholera peuvent être liées à l’ingestion des eaux contaminées ou de qualité douteuse (E. O. Hounsounou et al., 2017, p.13).
Cette étude met en évidence les risques de maladies hydriques qui résultent du difficile accès à l’eau potable. De façon spécifique, il s’agit d’analyser les modes d’approvisionnement en eau et le risque de maladies hydriques dans les ménages.
Méthodologie
1. Méthodologie
1.1. Présentation de la zone d’étude
La ville de Daloa est le chef-lieu de la région du haut-Sassandra depuis 1996. Elle est située au centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, limitée au nord par la ville de Vavoua et la ville de Zuenoula, au sud par les villes d’Issia et de Sinfra, à l’Ouest par celle de Duekoué et à l’Est par la ville de Bouaflé, (Coulibaly M. 2016, p.53).
En 1921, la population était estimée à 2811 habitants. En 1954, soit 33 ans plus tard, elle atteint 7487 personnes. Cette population est passée de 121 842 habitants en 1988 à 163 975 habitants en 1998, soit un taux d’accroissement moyen annuel de 2,4%. En 2014, elle était estimée à 591 633 habitants selon le RGPH, (2014). La ville de Daloa a également connu un étalement rapide et peu maîtrisé. En 1975, la superficie de la ville s’élevait à 838 ha. L’espace urbanisé est passé à 1340 ha en 1988 avec un taux d’accroissement moyen annuel de 5,78%. De 1988 à 1998, l’espace urbain atteint 2500 ha, soit un taux d’accroissement moyen annuel de 6,43%. De 1998 à 2007, l’espace urbanisé passe à 3300 ha avec un taux d’accroissement moyen annuel de 3,13% et atteint 5 305 ha en 2014 (INS-RGPH, 2014). Avec cette forte population, des activités importantes et un relief très accidenté, l’on remarque dans les quartiers une insuffisance d’ouvrage d’assainissement et une insuffisance des services de base.
Cette étude, a pour espace d’étude le quartier BALOUZON à Daloa. Sa population est estimée à 944 habitants (INS 2020). Balouzon est limitée à l’ouest par le quartier Evêché, au nord par Tazibouo, et à l’est par Gogoguhé et Sapia (Carte n°1). L’essor économique de Balouzon est lié à la présence de différentes activités économiques (le secteur informel et l’agriculture) qui contribuent à son développement.
Carte n°1 : Localisation et présentation de la zone d’étude
1.2. Technique de collecte de données
L’étude s'est basée sur la recherche documentaire et les enquêtes de terrain. La recherche documentaire a permis de faire le point des recherches sur les modes d’approvisionnement en eau potable en milieu urbain et des conséquences qui en résultent. Pour l’enquête de terrain, une observation directe et une enquête par questionnaire auprès des chefs de ménages ont été faites. L’observation a permis d’apprécier les différentes
méthodes adoptées par les populations pour s’approvisionner en eau. Les différents types de
récipients utilisés pour la conservation de l’eau à domicile ont été observés au cours de cette
phase. Pour l’enquête de terrain, il a été déterminé un échantillon à partir de la formule de Fisher : (n= t2 x p. (1- p) / e2). L’enquête par questionnaire a été menée auprès de 137 chefs de ménages. L’enquête de terrain a été effectuée du 01 au 30 décembre 2020. L’utilisation du modèle de régression de Pearson a permis de montrer la corrélation entre les modes d’approvisionnement en eau et les risques de à Balouzon.
1.3. Méthode de traitement et d’analyse des données
Les informations recueillies à travers la recherche documentaire et l’enquête sur le terrain ont subi un dépouillement manuel et informatique. Le logiciel Excel et le logiciel statistique le Sphinx Plus2 v. 4 ont servi à l’élaboration des tableaux et des analyses statistiques descriptives et corrélationnelles. La carte de la localisation a été réalisée avec les logiciels Arc-View GIS 3.2 et 3.3, Adobe Illustrator CS.11.
Résultats
2. Résultats
Les résultats sont organisés en deux parties. La première porte sur les différents modes d’approvisionnement et la seconde prend en compte le lien entre les divers modes et les risques sanitaires au quartier Balouzon.
2.1. Modes d’approvisionnement et pratiques de conservation de l’eau à domicile
2.1.1. Divers modes d’approvisionnement en eau
Les différents modes d'approvisionnement en eau sont présentés dans le tableau n°1.
Tableau n°1 : Modes d’approvisionnement en eau à Balouzon
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
L’analyse du tableau n°1 montre que 60,58% des enquêtés s’approvisionnent en eau de SODECI. Les puits traditionnels et les pompes à motricité humaine constituent les modes d’approvisionnement pour respectivement 21,17% et 11,68% des chefs de ménages interrogés tandis que 03,65% achètent l’eau chez des revendeurs. Les forages privés sont utilisés par 02,92% des enquêtés (Planche photographique n°1). Les ménages qui ne sont pas abonnés au réseau d’adduction d’eau potable de la SODECI justifient leur mode d’approvisionnement par le coût élevé des branchements.
Planche photographique n°1 : Photos représentants les différents modes d’approvisionnement en eau à Balouzon
Cliché: Traoré, 2020
2.1.2. Stockage de l’eau à domicile : une pratique récurrente au quartier Balouzon
Le stockage de l’eau à domicile est une solution adoptée par les ménages pour prévenir les coupures d’eau. La part des ménages qui stockent de l’eau est mise en évidence par le graphique n°1.
Graphique n°1 : Ménages conservant de l’eau dans la zone d’étude
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
Il ressort du graphique n°1 que 124 ménages, soit 90,51% des enquêtés stockent de l’eau tandis que 09,49% des ménages ne conservent pas de l’eau. Une situation qui trouve son explication par le fait que le service d’eau potable connait des défaillances à Balouzon. Cela se traduit par une baisse de la quantité d’eau distribuée, pouvant aller jusqu’à la cessation de la fourniture en eau. Ces désagréments qui amènent les ménages à stocker de d’eau. La durée de stockage des eaux est perçue à travers la graphique n°2.
Graphique n°2 : Répartition des ménages selon la durée de stockage de l’eau dans les ménages
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
Le stockage de l’eau de boisson constitue une étape importante dans la préservation ou la dégradation de la qualité de l’eau L’analyse du graphique n°2 montre qu’à Balouzon, 21 ménages, soit 15,33% des ménages utilisent l’eau stockée pendant un jour. Les ménages conservant l’eau pendant deux jours sont au nombre de 61, ce qui donne 44,53% de l’ensemble des enquêtés. Trois jours et plus de trois jours correspondent respectivement à la durée de stockage de l’eau de 17,52% et 22,63% des ménages. Le stockage de l’eau est une solution adoptée par les ménages pour prévenir les différentes coupures d’eau. La durée de stockage est fonction de la taille du ménage et l’usage fait de l’eau.
2.1.3. Usage de plusieurs matériels pour le stockage de l’eau à domicile
Les ménages utilisent divers matériels pour le stockage de l’eau (Tableau n°2).
Tableau n°2 : Répartition des ménages selon les moyens de conservation de l’eau à domicile
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
Le tableau n°2 montre qu’à Balouzon, les bidons constituent pour 44,52% des enquêtés, le principal moyen de stockage de l’eau. Les bassines et les seaux sont utilisés respectivement par 18,98% et 17,52% des ménages enquêtés. Ceux qui ont recours aux barriques sont 15,33% (Planche photographique n°2). Les jarres constituent le récipient de stockage de l’eau pour 03,65%. La prédominance de l’utilisation des bidons par les ménages s’explique par le fait qu’ils ne peuvent pas être rouillés et ils sont très pratiques pour la collecte et le stockage de l’eau. Les bidons sont les matériaux de stockage les plus répandus du fait qu’ils sont faciles à transporter et peuvent être superposés pour occuper moins d’espace dans le domicile.
Planche photographique n°2 : Matériels (bidons et barrique) de stockage de l’eau au quartier Balouzon
Source: Cliché, Traoré, 2020
2.1.4. Temps mis par les ménages pour accéder à l’eau
Les ménages pour approvisionner la famille en eau parcourent une certaine distance qui nécessite un minimum de temps (Tableau n°3).
Tableau n°3 : Temps mis par les ménages pour accéder à l’eau
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
Les ménages qui mettent moins de 10 minutes pour avoir de l’eau sont au nombre de 48, soit 35,04 % de l’ensemble. Le temps compris entre 10 et 20 minutes est mis par 36,50% des ménages pour accéder à l’eau. Les ménages mettant 21 à 30 minutes pour avoir de l’eau représentent 18,98 % des enquêtés. À cela, il faut ajouter les 08,03 % des ménages qui mettent un temps compris entre 31 et 40 minutes pour avoir de l’eau. Une part non négligeable (03,65%) met entre 41 minutes et une heure pour avoir accès à l’eau. Le temps mis pour accéder à l’eau est fonction de la distance qui sépare le point d’eau au domicile et de la durée d’attente dans les points de revente d’eau.
2.2 Perception des chefs de ménages par rapport aux risques de maladies hydriques
2.2.1. Perception des chefs de ménages par rapport à la qualité de l’eau
Le graphique n°3 met en évidence la perception des chefs de ménages par rapport à la qualité de l’eau.
Graphique n°3 : Perception des chefs de ménages par rapport à la qualité de l’eauSource : Enquête de terrain, décembre 2020
Il ressort du graphique n°3 que 66 chefs de ménages enquêtés, soit 48,18% de l’ensemble estiment que la qualité de l’eau qu’ils utilisent pour les tâches domestiques est moyennement bonne. La mauvaise qualité de l’eau consommée a été décriée par 45 chefs de ménages, ce qui donne 32,85% de l’échantillon. Ceux qui trouvent que la qualité de l’eau disponible est bonne représentent 18,98% des enquêtés. Les ménages se prononcent sur la qualité de l’eau en se basant sur la couleur, de l’odeur de javel et des suspensions observées lorsqu’ils conservent l’eau.
2.2.2. Perception des chefs de ménages en fonction du niveau d’instruction
Le niveau d’instruction est un facteur qui joue dans le mode d’approvisionnement en eau potable. La perception des enquêtés en fonction de leur niveau d’instruction a été mise en évidence par le graphique n°4.
Graphique n°4 : Perception des chefs de ménages par rapport à la qualité de l’eau
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
L’analyse du graphique n°4 montre que, quel que soit le niveau d’instruction, les enquêtés savent que la qualité de l’eau peut avoir un impact sur leur santé. Ceux qui pensent que la qualité de l’eau est moyennement bonne sont ceux qui n’ont aucun niveau (50%) et ceux ayant le niveau primaire (69,05%) et secondaire (48,48%). Les enquêtés qui estiment que la qualité de l’eau n’est pas bonne sont ceux qui ont le niveau supérieur (64,29%). La bonne qualité de l’eau est approuvée par les chefs de ménages ayant étudié dans les écoles coraniques (70%). Le niveau d’instruction est très déterminant dans les modes d’approvisionnement en eau au niveau des ménages. Les chefs de ménages ayant un niveau d’instruction élevé savent que la qualité de l’eau ne se limite pas seulement à la couleur.
2.3. Principales pathologies rencontrées par les ménages de Balouzon
2.3.1. Maladies hydriques déclarées par les ménages
Le nombre de cas de maladies hydriques enregistrés par les ménages pendant les trois mois ayant précédé les enquêtes sont mis en évidence par le graphique n°5.
Graphique n° 5 : Maladies déclarées par les chefs de ménages
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
La diarrhée représente 52,54% des cas de maladies hydriques rencontrés par la population de Balouzon. La fièvre typhoïde a été déclarée par 15,25% des enquêtés. Ces deux premières pathologies sont suivies par les cas de dermatoses (11,86%). Ces différents cas de maladies seraient dus aux manipulations et à la mauvaise conservation de l’eau.
2.3.2. Les populations les plus vulnérables au quartier Balouzon
Les populations les plus vulnérables aux maladies hydriques sont mises en évidence par le Tableau n°4.
Tableau n°4 : Populations les plus vulnérables aux maladies hydriques à Balouzon
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
L’analyse du tableau n°4 montre que les enfants de moins de 5 ans sont les plus touchés (38,98%) par les maladies hydriques dans la zone d’étude. Après cette frange de la population, viennent les enfants dont l’âge est compris entre 5 et 14 ans et les hommes âgés de plus de 15 ans avec des taux respectifs de 35,59% et 25,42%. Les enfants de moins de 5 ans paient le plus lourd tribut pour les maladies hydriques telles que la diarrhée et les dermatoses du fait de la fragilité de leur organisme.
2.4. Sources d’approvisionnement en eau et risques de maladies hydriques
2.4.1. Risques de maladies hydriques associés aux modes d’approvisionnement en eau
Le rapport entre les divers modes d’approvisionnement en eau et les maladies hydriques est mis en évidence dans le tableau n°5.
Tableau n°5 : Maladies déclarées en fonction du mode d’approvisionnement en eau
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
Les plus grands taux de diarrhée ont été enregistrés dans les ménages ayant recours aux puits (85,00%), aux revendeurs d’eau (50%) et aux pompes à motricité humaine (45,46%). Les ménages qui s’approvisionnent en eau chez les revendeurs ont enregistré 50% des cas de fièvre typhoïde. À Balouzon, les dermatoses sont plus rencontrées dans les ménages qui ont recours au forage (100%) et à la pompe à motricité humaine (27,27%). Les plus grands taux de maladies hydriques enregistrés par les ménages s’expliquent par le non traitement des puits, les manipulations apportées à l’eau, les distances parcourues et l’hygiène des points d’approvisionnement.
2.4.2. Corrélation entre la durée de stockage de l’eau à domicile et risques pour la santé des populations
Le lien entre la durée de stockage de l’eau à domicile et la santé des populations de Balouzon est mis en évidence par le graphique n°7.
Graphique n°7 : Lien entre la durée de stockage de l’eau et les cas de maladies
Source : Enquête de terrain, décembre 2020
La graphique n°7 montre la corrélation entre la durée de stockage et la santé des populations au quartier Balouzon. L’analyse de la figure n°6 révèle une évolution proportionnelle entre le nombre de cas de maladies et la durée de conservation de l’eau au quartier Balouzon. Cette dynamique de la durée de stockage de l’eau à domicile est mise en évidence à travers la droite de régression linéaire y = 0,7708x - 11. L’analyse du signe du coefficient directeur de cette équation de droite permet de révéler que le nombre de malades croît de façon proportionnelle avec la durée de stockage de l’eau. Le coefficient de détermination est de 0,8872 et le coefficient de corrélation est de 0,94193. Pour un nombre de degré de liberté de 3, le r lu dans la table de Pearson est de 0,8783 avec un taux de significativité de 5 %. Le r calculé (0,94193) est supérieur au r lu (0,8783). On conclut alors qu’il existe une corrélation linéaire significative entre les deux variables.
Conclusion
Conclusion
Les populations du quartier Balouzon de la ville Daloa sont confrontées à un problème crucial d’eau potable. Pour faire face à cette difficulté, les ménages ont recours à d’autres sources à savoir les puits et les revendeurs d’eau potable, les forages, les pompes à motricité humaine. Pour prévenir les coupures intempestives d’eaux et le manque d’eaux à domicile, les populations stockent de l’eau dans des conditions qui ne sont pas toujours saines. Ce qui entraîne un risque considérable de contamination. Cette étude nous a permis d’établir une relation entre le mode d’approvisionnement et les risques de maladies hydriques.
Références
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Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ,[En ligne], 2021,, mis en ligne le . Consulté le . URL: https://retssa-ci.com/index.php?page=detail&k=195
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