VOL.6-N° 11, Juil. 2023 : Villes, activités économiques et santé en Afrique

6 |L’ESSOR DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE A DOUALA (CAMEROUN)

THE RISE OF TRADITIONAL MEDICINE IN DOUALA (CAMEROON)

Auteurs

  • TCHEUNTEU SIMO Joël Simplice. Docteur sityjoe@yahoo.fr, Université de Ngaoundéré (Cameroun),

Mots-clés:

Résumé

Dans la capitale économique du Cameroun, la médecine traditionnelle est en pleine expansion malgré la pléthore d’infrastructures sanitaires modernes existantes. De nombreux jeunes, diplômés ou non, intègrent ce secteur d’activités et rassurent par divers slogans d’offrir des soins appropriés pour tout type de pathologies. Les cabinets de médecine non conventionnelle se multiplient dans la ville sous diverses appellations : Tradipraticien, Herboriste, Naturopathe, Clinique traditionnelle, Médecine naturelle, Afrique santé, Médecine béninoise, Médecine chinoise [...] Les points de vente des médicaments naturels jonchent les grands carrefours et les places marchandes. Les soigneurs ambulants sillonnent les artères de la ville et proposent à tout venant du remède indigène. Des bus assurant le transport interurbain servent de points de vente de produits naturels. Les soins à base des produits naturels ont pignon sur rue, même s’ils ne font pas l’unanimité du fait de l’absence d’un contrôle strict des autorités sanitaires. Dès lors, il importe de s’interroger sur les motifs de développement de cette activité et sur les risques sanitaires générés par cette médecine. L’objectif de cette étude est de dévoiler les facteurs qui favorisent l’essor de la médecine alternative à Douala et de dégager les dangers qui en découlent. La méthodologie axée sur les investigations de terrain et la recherche documentaire a abouti aux résultats vérifiant l’hypothèse selon laquelle le cosmopolitisme de la ville, l’inclination d’une frange de la population aux soins indigènes ; la reconnaissance par les pouvoirs publics des vertus thérapeutiques de quelques phytomédicaments ; la lutte pour la survie sont les principaux facteurs favorables à la montée de la médecine traditionnelle à Douala. Le développement de cette activité n’est pas exempté de la perception pessimiste de quelques observateurs qui déplorent les risques sanitaires liés à cette thérapie.

Introduction

Les médicaments traditionnels constituent une alternative de première importance aux dépenses de santé, pour la plupart des pays africains qui dépendent encore à 90% des firmes pharmaceutiques et laboratoires étrangers (N. M. Guedje et al., 2012, p.1).
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les médecines traditionnelles comme " les pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l'usage à des fins médicales de plantes, de parties d'animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d'exercices manuels pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé" (...) " Dans les pays industrialisés, ces médecines sont utilisées sous l'appellation de médecine complémentaire ou parallèle "[1].
Pour l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), C'est "la somme de toutes les connaissances, compétences et pratiques reposant sur les théories, croyances et expériences propres à différentes cultures, qu'elles soient explicables ou non, et qui sont utilisées dans la préservation de la santé, ainsi que dans la prévention, le diagnostic, l'amélioration ou le traitement de maladies physiques ou mentales"[2].
Au Cameroun en général, les insuffisances de la médecine moderne, le difficile accès aux médicaments essentiels et le faible pouvoir d’achat des populations seraient à l’origine de l’engouement actuel pour la médecine traditionnelle (R. Abondo-ngono et al., 2015, p.57).
A Douala, par contre, les infrastructures sanitaires modernes sont en quantité suffisante et l’accès aux soins de santé est facile (ONU-Habitat, 2004, p. 36). En marge de ces formations sanitaires, de nombreux malades n’hésitent pas à faire recours à la médecine traditionnelle, bien souvent pour des raisons financières. L’utilisation des plantes médicinales pour le traitement des maladies est très répandue dans la ville et la médecine alternative fait appel aussi bien à la pharmacopée populaire qu’à la pharmacopée traditionnelle (E. Mpondo Mpondo et al., 2012, p.4036). L’essor de la médecine complémentaire se traduit par une montée significative du commerce entièrement dédié à la médecine locale. A l’intérieur des cars de transport en commun, dans la rue, sur les étals dans les marchés, les commerçants naturopathes ou guérisseurs proposent des produits d’origine animale, minérale ou végétale et qui servent non seulement à la guérison, mais aussi à l’alimentation. Les cabinets de médecine naturelle abondent dans la ville. L’unanimité thérapeutique n’est toujours pas faite sur cette forme de médecine exercée en marge du contrôle des autorités sanitaires.
De ce qui précède, la question de savoir ce qui pourrait expliquer la montée de la médecine traditionnelle à Douala et les risques sanitaires qui en découleraient reste préoccupante.
Il s’agira dans cette étude de dégager d’une part, les principaux facteurs qui favorisent l’essor de la médecine naturelle dans la capitale économique du Cameroun et d’envisager la perception des risques sanitaires inhérents à cette activité d’autre part.
 
[1] http://www.adequations.org/spip.php?article355
[2] http://www.who.int/medicines/areas/...

Méthodologie

1. Données et Méthodes

La collecte des données s’est effectuée par l’approche participative et la recherche documentaire.
L’approche participative s’est appuyée essentiellement sur l’usage des techniques vivantes (l’échantillonnage, le sondage, les entretiens et les interviews), lesquelles ont permis de glaner des données qualitatives et quantitatives.
Les données quantitatives sont issues d’un sondage aléatoire simple mené auprès de 30 marchands des phytomédicaments répartis comme suit : Marché central (10), Carrefour ABC (5), Déido (5), Ndokoti (5), lieu-dit Gare-routière Bonaberi (3), lieu-dit P.K.14 (2) et 20 responsables de cabinets de médecine non conventionnelle échantillonnés dans le cadre de cette étude à savoir: Bépanda (3), Deido (2), Akwa (1), Nyalla (2), Ndogpati (2), Makèpè (2), Sodiko (2), Ndoghem (2), Logpom (1), Kotto(1), Ndokoti (1), New-Bell (1). Le critère d’échantillonnage est la longévité ou le nombre d’années d’expérience (plus de 5ans) dans cette activité. Il prend également en compte la distribution géographique de cette activité dans la ville. Ce choix a été opéré lors de la mission exploratoire effectuée au préalable à l’effet d’inventorier tout d’abord les principaux points de vente des médicaments naturels ainsi que quelques centres de la médecine naturelle de la ville. Les quotas des marchands soumis au sondage sont en fonction de l’affluence des vendeurs de médicaments naturels recensés par marché. Cette enquête renseignait sur : le nombre d’années passées dans cette activité à Douala, les raisons du choix de la médecine traditionnelle comme activité, la formation ou l’initiation dans le domaine de la santé naturelle, les fréquences (journalières, hebdomadaires et mensuelles) des consultations, les médicaments naturels les plus sollicités, les problèmes de santé les plus récurrents, la tranche d’âge des patients ou clients ainsi que leurs impressions (satisfaits ou pas).
Les données qualitatives quant à elles émanent des entretiens semi-directifs conduits auprès de 1000 personnes rencontrées au hasard sans critère dans la rue de 20 quartiers : Déido (50), Bonabo (50), Bépanda (50), Sodiko (50), Ndoghem (50) "Cité des palmiers" (50), New-Bell (50), Logpom (50), Kotto (50), Makèpè (50), Ndogpati (50), P.K.14 ou Logbessou (50), Nyalla (50), Ndokoti (50), Akwa (50), Nkololoun (50), Bonassama (50), Ndogbong (50), Yassa (50), New-Deido (50). Le choix de ces sites est tributaire de la présence d’un marché de médicaments naturels ou d’une clinique traditionnelle d’envergure dans la zone d’étude.
Ces enquêtes ont permis d’avoir les différents avis sur la médecine traditionnelle à savoir : les facteurs de son essor dans la ville et la perception qu’ont les populations de cette pratique thérapeutique, concrètement, si elle représentait un danger ou alors une solution pour la santé des populations.
Une autre partie des données qualitatives est issue des entretiens avec le personnel médical (10 médecins soit 2 par Hôpital) rencontré dans cinq hôpitaux de District (Deido, Bonassama, Cité des palmiers, New-Bell, Mbanguè). Le choix de ces formations sanitaires repose sur le fait qu’elles sont les plus importantes dans leurs zones géographiques respectives et sont dotées de personnels médicaux qualifiés et assermentés. Ces interviews ont permis d’avoir d’une part le point de vue des acteurs de la médecine moderne sur la médecine non conventionnelle, la relation qui existe entre ces deux modes de médecine et les raisons quant à eux du développement de la médecine parallèle à Douala d’autre part.
Ces données ont été dépouillées manuellement et traitées à l’aide des outils de statistiques inférentielles (moyennes et fréquences).
La recherche documentaire a consisté à explorer différents travaux portant sur la médecine traditionnelle au Cameroun en général et à Douala en particulier. Pour ce faire plusieurs Revues, 0uvrages, Rapports, Journaux et Sites internet ont été consultés.
Enfin les données rasters acquises par extraction des couches d’informations des images satellitaires (Landsat ETM+ multispectral, 2020 disponibles à la Communauté urbaine de Douala), ont servi à la spatialisation des différents lieux d’enquêtes (Carte n°1).
Carte n°1 : illustration de la zone d’étude

Réalisateur : Mbeugang Clément, avril 2023

Résultats

2. Résultats

Le cosmopolitisme de la ville, l’inclination des populations aux soins à base des produits naturels, la lutte pour la survie et la reconnaissance par le gouvernement de l’efficacité des médicaments naturels expliquent à suffisance l’essor de la médecine traditionnelle à Douala. Les risques sanitaires liés à cette forme de médecine restent des spéculations.

2.1 Le cosmopolitisme de la ville

Douala est une Ville cosmopolite d’environ 3 millions d’habitants issus de plus de 240 ethnies du Cameroun et des citoyens étrangers. Chacune des communautés locales originaires des 10 Régions du pays et regroupements étrangers installés à Douala  importe et  valorise les recettes thérapeutiques traditionnelles de sa région d’origine. Ceci est facilité par les défis du vivre ensemble prônés par les autorités locales. Lesquels défis consistent à trouver l’adéquation entre activités économiques et diversité socioculturelle. Dans cette logique, allogènes et autochtones s’entre-proposent et commercialisent les médicaments naturels de leurs contrées respectives. Chaque tribu a réussi à légitimer les vertus d’au moins un médicament naturel issu de son terroir. Les plantes naturelles dont la valeur thérapeutique fait l’unanimité sont pour l’essentiel les produits  agro-alimentaires, plus précisément les fruits et légumes et leurs dérivés.  
 Les vertus thérapeutiques de l’Allium cepa (oignon), de l’Allium sativum (ail), du Senna alata (dartrier),  FoléréMoringa olifiera, grains de sésame, huile de neem sont vantées par les peuples originaires de la partie septentrionale du pays (Peuls, Moundang, Massa, Toupouri, Mosgoum, Gbaya, Guidar...). Excepté l’Allium cepa, les produits du Nord ne sont pas généralement à la hauteur de toutes les bourses. Par exemple le litre d’huile de Neem oscille entre 4000 et 6000 FCFA, un kilogramme de grains de sésame et de l’Allium sativum varie entre 1500 et 2000 FCFA (Photo n°1).
Photo n°1 : Point de vente des médicaments naturels du nord à l’esplanade de la poste de Ndokoti
               Cliché :  Tcheunteu Joël, avril 2023
Les peuples de la plaine côtière (Bassa’a, Duala et assimilés), ont vulgarisé les bienfaits thérapeutiques du Citrus limon (citron), Prunus pissardii (prunier), Carica papaya (papayer), Vernonia amygdalina (ndolè), Mangifera indica (manguier),  Pendant la pandémie de la Covid-19, le Citrus limon réputé être un antitussif par excellence  a connu une flambée de prix et se raréfiait avec le temps. Durant cette période, le plus petit fruit est passé de 25 à 100 FCFA.
Eucalyptus sailgna (eucalyptus), Persea americana (avocatier), Zingiber officinale (gingimbre); Solanum melongena (aubergine), S. Lypersicum (tomate), Petroselinum crispum (persil), Brassica oleracea (chou), Capsicum frustescens (piment), Daucus carota (carotte), Psidium guajava (goyavier) sont valorisées par les peuples des hautes terres de l’Ouest (Mbôo, Bamiléké, Tikar et Bamoun).
Pour, plusieurs naturopathes, ces différents produits agro-alimentaires sont les principaux intrants des médicaments qu’ils proposent aux patients (Photo n°2).
Photo n°2 : Plaques publicitaires d’un naturopathe à Kotto

Cliché : Tcheunteu Joël, avril 2023
Toutefois, en dehors des plantes cultivées, plusieurs plantes sauvages ont une grande importance culturelle et économique, pour l’alimentation et les soins (E. Mpondo Mpondo et al., 2017, p.11230).
Les milieux naturels du Cameroun sont très diversifiés et paraissent réunir en leur sein l’essentiel des écosystèmes d’Afrique tropicale. Leurs composantes les plus caractéristiques sont la topographie très contrastée et la végétation que R. Letouzey (1973, p. 20, P. Tchawa, 2012, p.324) décrit comme : un condensé de celle de l’Afrique intertropicale avec forêt dense humide méridionale, savane centrale, steppe nordique, forêt et prairie de montagne, groupant au total quelque 8 000 espèces, 1 800 genres et 230 familles de plantes angiospermes. Les ressortissants de ces différents milieux, initiés à la médecine naturelle par la tradition orale, importent plusieurs variétés de ces essences à Douala, les valorisent et les commercialisent. Ainsi, il existe au sein des différentes communautés, des guérisseurs, des naturopathes, des herboristes, des tradi-praticiens qui soignent à base des plantes, écorces et potions extraites des ressources ligneuses issues des différents milieux naturels du Cameroun (Photo n°3).
Photo n°3 : Vue d’un rayon de la Pharmacie de "l’Hôpital principal" de Logpom
Cliché : Tcheunteu Joël, avril 2023
La ville compte de nombreux centres de médecine traditionnelle bien aménagés (Planche n°1) où sont commercialisés ces types de médicaments. D’aucun ont des succursales soit dans différents quartiers de la ville soit dans d’autres villes du pays, voire à l’étranger.
Les acteurs de la médecine naturelle rencontrés durant cette étude sont de trois catégories : la première est constituée des personnes qui maîtrisent les vertus thérapeutiques des plantes. C’est le cas par exemple de Monseigneur Samuel KLEDA, originaire du nord-Cameroun, promoteur de l’herboristerie de la Cathédrale saint Pierre et Paul de Douala. Dans ce cabinet, les soins sont prescrits après exploitation des résultats du diagnostic médical délivrés par un laboratoire d’analyses médicales agréé.
La deuxième regroupe ceux qui soignent à base des plantes naturelles après s’être formés sur le tas dans un cabinet de naturopathie. Le Naturopathe NONO Antoine De Padoue, originaire de la Région de l’ouest, promoteur de l’ONG "Afrique Santé" en fait partie. Dans son centre médical situé à Déido au Boulevard de la République, le suivi des malades se fait après consultation. Ce cabinet est doté d’un laboratoire équipé de matériel de diagnostic médical. Les examens médicaux délivrés par d’autres laboratoires modernes sont également pris en compte.
La troisième catégorie est composée essentiellement des vendeurs de médicaments naturels. Ces marchands sont présents dans les grands carrefours, occupent des "quartiers" spécifiques au sein des places marchandes, animent les voyages dans les bus de transport interurbain. Ils s’approvisionnent soit auprès des naturopathes, soit chez les herboristes. Généralement les fournisseurs viennent livrer les produits sur place à leurs partenaires d’affaires en rappelant les consignes thérapeutiques ou encore en proposant d’autres plantes médicinales dont la découverte est récente. La particularité de cette activité est que chaque vendeur à quelque exception près, commercialise préférentiellement les médicaments naturels en provenance de sa région d’origine. Cette politique favorise le repli identitaire et crée une synergie entre le vendeur et l’acheteur. Les deux peuvent alors communiquer en leur langue vernaculaire pour ainsi assurer la discrétion sur la place publique.
D’autre part, les communautés étrangères notamment les Chinois, les Indiens et les Béninois sont aussi au cœur de la montée de la médecine traditionnelle à Douala. Plusieurs cabinets de médecine non conventionnelle valorisant les produits naturels de ces pays existent dans la ville. Leurs spécialités sont les soins des maladies dites chroniques à l’instar du mal des nerfs, des hépatites virales, du Cancer. La médecine orientale en particulier a connu une montée fulgurante à Douala, parce que ses promoteurs promettent soigner à des coûts relativement bas, des maladies devenues récurrentes mais difficiles à soigner par la médecine conventionnelle (Photo n°8).
Photo n°8 : Plaque d’un Centre de médecine naturelle indienne à Makèpè Bloc "J"
Cliché : Tcheunteu Joël, avril 2023
 Quant à la médecine béninoise, elle est aussi spécialisée dans la guérison des maladies d’ordre spirituel comme les envoûtements, la sorcellerie. L’avènement des églises "born again" a considérablement fragilisé cette thérapie autrefois très sollicitée (Planche n°2).
Clichés : Tcheunteu Joël, avril 2023

2.2 L’inclination d’une importante frange de la population aux soins à base des plantes naturelles

La médecine naturelle ou " le traitement" à l’indigène est inhérente aux différents peuples installés à Douala. 85% de personnes rencontrées dans le cadre de cette recherche reconnaissent les bienfaits thérapeutiques des plantes naturelles et avouent recourir très souvent à la médecine traditionnelle pour se soigner de certaines maladies. Les acteurs de la médecine indigène accueillent au quotidien de nombreux patients souffrant de toutes sortes de maladies. Les pathologies les plus citées sont la typhoïde, la faiblesse sexuelle, l’éjaculation précoce, les problèmes de fécondité.
Pour guérir de la salmonellose, 62% de personnes associent impérativement les soins de la médecine moderne et de la médecine complémentaire. Pour ces personnes la médecine conventionnelle n’apporte pas de soins appropriés à cette maladie hydrique très recrudescente dans une ville où le problème d’accès à l’eau potable se pose avec acuité depuis des lustres. Seule la médecine parallèle offre des médicaments ayant des principes actifs adéquats contre cette endémie.
"Avant j’étais toujours souffrante et me soignais toujours à l’hôpital. Et chaque fois que je me faisais consulter par un médecin, le diagnostic médical montrait toujours que je souffre de la typhoïde. Mais depuis que j’ai bu un remède traditionnel que ma maman a ramené du village, mon état de santé s’est considérablement amélioré". (Déclaration de Mlle Diane, étudiante à l’ESSEC de Douala).
"Quand je suis malade et qu’à l’hôpital, le médecin me dit que je souffre de la typhoïde, je prends mon carnet et me rends directement à Nkololoun acheter mon "remède du village" et dès que je commence à le boire, deux jours après je me sens soulagé". (Affirmation de M. René, Chauffeur).                                                                                   
Le lieu-dit carrefour "ABC" au quartier Nkololoun dans la Commune de Douala V est le point de vente de médicaments indigènes contre la typhoïde et la  gastro-entérite le plus connu des populations (dans la ville) (Photo 11). La durée des soins est d’une semaine (7 jours). Le coût des médicaments mis à disposition à cet effet est de 3000 francs CFA pour 5 litres d’une solution aqueuse dosée de substances médicinales. Selon deux vendeuses rencontrées dans cet espace marchand, la demande en médicaments dépasse souvent l’offre. Cela témoigne de l’adhésion massive des populations à la médecine traditionnelle.
"Ça fait 20 ans que je suis ici au carrefour. Je soigne le palu, la typhoïde le mal de ventre et autres petites maladies. Mes malades viennent de partout et ne se sont jamais plaints. Au contraire ils apprécient tellement mes remèdes. C’est pourquoi ils reviennent toujours me voir en cas de besoin. Des fois, la demande est très forte au point où j’ai la rupture de stocks. Mais je réussis à m’entendre avec mes collègues vendeuses d’ici ou d’ailleurs pour ne pas décevoir mes malades qui souffrant, traversent souvent toute la ville pour venir chercher leur remède". (Propos de maman Rose, vendeuse de médicaments naturels au Carrefour ABC Douala).
"Je ne doute pas de la qualité de mes produits. J’ai de nombreux patients de toutes les couches sociales qui viennent chercher leur remède ici et ils trouvent leur compte […] J’ai été initiée par ma mère depuis l’enfance. Au village, il n’y avait pas d’hôpital. C’est chez elle que les villageois venaient prendre les médicaments indigènes pour se soigner". (Affirmation de Mme Thérèse, vendeuse de remèdes indigènes au Carrefour ABC Douala). 
Photo 11 : Vue d’une section du Marché du remède indigène
contre la salmonellose au lieu-dit carrefour "ABC" à Nkololoun

Cliché : Tcheunteu Joël, avril 2023
Pour trouver des solutions aux problèmes d’infécondité, d’éjaculation précoce et de faiblesse sexuelle, les patients en majorité (85%) préfèrent le "traitement" à l’indigène. Ils estiment que les produits pharmaceutiques tels le viagra ont généralement des effets secondaires néfastes.
Dans le cabinet de médecine naturelle de Michel CHIMI situé à Makèpè Bloc "L", les problèmes de santé de reproduction sont causes de 90% de consultation médicale. Ce naturopathe, au vu de ce chiffre s’est spécialisé dans le traitement de ces différents troubles et y apportent très souvent des solutions appréciables.
"En 2022, deux couples souffrant d’infécondité depuis plus d’une décennie après leur mariage ont fini par procréer grâce à mon suivi par les plantes médicinales […] ce n’est pas d’ailleurs les seuls cas. De façon générale, je reçois chaque fois les remerciements des couples satisfaits de mon "traitement ". (Propos de Michel Chimi).
Plusieurs autres tradithérapeutes à l’instar de "docteur B.K.", "docteur. DEWA", NONO Antoine De Padoue, NDOLLO  avouent apporter de solutions efficaces à ces types de problèmes de santé.  De nombreux slogans fusent à ce sujet : "Vous aussi avez le Droit d’avoir un Bébé ", "Nous sommes les facilitateurs de grossesse" ; "un couple, un bébé", etc. (Planche n°3).
Cliché : Tcheunteu Joël, avril 2023
Par ailleurs, dans la ville, tout produit naturel supposé stimuler le désir sexuel ou retarder l’éjaculation chez les hommes est très prisé. C’est le cas par exemple du petit Kola vulgairement appelé "mbita kola" et le "Ndon". Non loin du carrefour Rond-point Déido, un marchand de remèdes naturels renseigne sur la qualité et le principe actif de ses produits aphrodisiaques à travers l’exposition des verges sculptées (Planche n°4 ). Ce vendeur reçoit au quotidien de nombreuses personnes souffrant de la faiblesse sexuelle et de l’éjaculation précoce, affirme-t-il.
 

2.3 La reconnaissance de l’efficacité des phytomédicaments par le Gouvernement

Le développement de la médecine non conventionnelle à Douala trouve ses fondements dans la politique de valorisation et de vulgarisation de certaines plantes médicinales par le gouvernement. C’est précisément le cas de l’Artémisia et ses dérivés dont les vertus thérapeutiques sont reconnues par la Ministre de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI). Dans le cadre de l’implémentation des solutions endogènes de lutte contre la pandémie de Covid-19 et le paludisme au Cameroun, la Ministre Madeleine Tchuinte lors de cérémonie de distribution de plants d’Artémisia à l’IRAD[1] de Nkolbisson le 21 octobre 2020 à Yaoundé (Photo 16) a reconnu l’efficacité de cette plante contre ces pathologies :
"L’Artemisia est une solution endogène dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 au Cameroun. Nous sommes en train de mettre nos chercheurs au service de la nation. Nous avons constaté que tous ceux qui buvaient l’Artemisia contre le paludisme n’ont pas été atteints par la Covid. Nous avons essayé et on a réussi. Et nous avons utilisé nos plantations dans les localités de Mbalmayo et Bangangté pour la production de cette plante, à peu près une quarantaine d’hectares.
Et nous sommes en train d’étendre la recherche dans les autres zones agro écologiques du pays. Parce que ça change un peu en fonction de la zone. Il est connu que tous les pays africains où les malades ont été sous Artemisia ont connu moins de morts. Pour aider tous ceux qui n’en ont pas, le président de la République a demandé que nous puissions mettre l’Artemisia à la portée de tous. Notre objectif est que chaque Camerounais ait une plante d’Artemisia devant sa cour."[2]
Photo n°16 : Remise symbolique d’un plant d’Artemisia à la présidente d’un GIC bénéficiaire par la Ministre de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
Source : Cellule de Communication, de la Documentation et des Archives - CCDA / IDRAD, N° 049 Oct. 2020
 La distribution gratuite des plants d’Artemisia produits par l’IRAD s’est poursuivie sur l’étendue du territoire national avec pour fait marquant la remise de 300 plants aux membres du Parlement lors de la 3ième et dernière session de l’année législative 2020.
Le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, le 11 décembre, après son discours de clôture annonça solennellement :
"Les honorables députés sont informés que madame la Ministre de la Recherche Scientifique et de l’Innovation a mis à leur disposition, 300 plants de l’Artemisia. Lesdits plants sont disponibles ici au palais des congrès",
La reconnaissance des vertus thérapeutiques de cette plante naturelle par ce membre du gouvernement accompagnée de ses gestes de générosité notamment envers les élus du peuple (Députés) a favorisé une production massive et la commercialisation généralisée de cette plante médicinale dans la capitale économique du Cameroun où le paludisme est ré-émergent (A. Same Ekobo, 2002, p.5) et est le principal motif de consultations médicales (D. Meva’a Abomo, 2010, p1.). Le marché de ce phytomédicament s’est vulgarisé sur l’étendue de la ville. Il est vendu tant dans les cliniques traditionnelles que dans les domiciles privés ou alors dans les points de vente spécifiques (Planche n°5).
TCHEUNTEU SIMO Joël Simplice, L’ESSOR DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE A DOUALA (CAMEROUN)
   Cliché : Tcheunteu Joël, avril 2023
Outre la MINRESI, le 8 juillet 2021, le Ministre de la Santé Publique (MINSANTE) Malachie Manaouda  a homologué officiellement quatre médicaments issus de la pharmacopée locale, pour lutter contre la Covid-19 sur une période de trois ans.
Il s’agit l’Adsak Covid/Elixir Covid, produits par le Prélat de l’Archidiocèse Saint Pierre et Paul de la ville de Douala, Mgr Samuel Kleda, du "Corocur poudre" d’Euloge Yagnigni, du "Palubek’s" de Christine Bekono et de "Soudicov Plus" de l’Imam Modibo.
Dans sa décision, Malachie Manaouda précise que les Médicaments Traditionnels Améliorés(MTA) homologués sont des "adjuvants au traitement de la COVID-19 ». C’est-à-dire qu’ils doivent être associés au protocole anti-COVID-19 existant.
Selon le Directeur de la Pharmacie, du médicament et des laboratoires au Ministère de la Santé publique, Salihou Sadou :
"Ces adjuvants ont été reconnus de manière indépendante par une commission nationale du médicament en collaboration avec le Ministère de la Recherche scientifique et celui de l’Enseignement supérieur qui sont parties prenantes de cette commission […] En laboratoire, on a pu analyser le contenu de chaque ingrédient de ces produits. Ce sont des plantes bien connues. On connait leurs propriétés. Certaines ont des propriétés antivirales et antibactériennes”.
Depuis la crise sanitaire de 2020, de nombreuses victimes de la Covid-19 et de la malaria soignées à base des MTA sont devenues des inconditionnelles et promotrices de la médecine naturelle à Douala.
Cette recherche révèle que depuis octobre 2020, 75% de familles ont eu à se soigner efficacement du paludisme grâce à de l’Artemisia. 12% le prennent depuis lors sous forme de tisane pendant le petit déjeuner. 40% avouent que cette plante médicinale ne soigne pas que la malaria. Pour ces derniers, Artémisia est aussi un excellent vermifuge, il est énergisant et régule les troubles digestifs. C’est ce qui explique leur inclination aux soins par ce produit. 
"L’Artémisia est un excellent antipaludéen. Chez moi tout le monde le boit sous forme de tisane. Ça déparasite et tonifie le système digestif. Je me sens bien en journée quand je le bois le matin. J’en cultive et commercialise également". (Propos de Madeleine Lobè, Institutrice à la retraite)
Sur l’échantillon de 1000 personnes interviewées, 0,9% avouent avoir souffert de la Covid-19. 0,6% affirment s’être soignées conjointement avec les MTA et le protocole anti-Covid mis à disposition par le Gouvernement dans les centres médicaux modernes agréés à cet effet. 0,3% par contre attestent avoir soigné cette pathologie exclusivement à base des MTA produits par Monseigneur Kléda Samuel et distribués gratuitement dans les formations sanitaires confessionnelles catholiques.
Avec l’avènement de la Covid-19, la médecine traditionnelle s’est vue revalorisée par les pouvoirs publics.

2.4 La lutte pour la survie

Autrefois considérée comme une ville industrialisée et de surcroit un bassin d’emplois, Douala est devenu depuis la récession économique des années 1990, une friche industrielle où l’emploi décent se raréfie au fil des ans. Dans la lutte pour la survie, les jeunes en majorité ont développé diverses stratégies d’insertion socio-professionnelle dans le secteur de l’économie informelle, au rang desquelles la médecine traditionnelle. Les problèmes de santé favorisent désormais la création d’emplois. La médecine traditionnelle n’est plus une vocation. La vente de médicaments naturels est génératrice des revenus difficiles à estimer. Le prix de vente et le coût des soins sont fonction de l’origine des produits naturels. Les revendeurs n’appliquent pas les mêmes coûts que les initiés qui savent où trouver les phytomédicaments. C’est le cas par exemple de Monseigneur Samuel Kléda qui distribue ses médicaments à moindre coût, voire gratuitement à condition que le diagnostic médical soit établi dans un laboratoire agréé. Durant la pandémie du Corona Virus, il a mis le remède gratuitement à la disposition des malades dans les hôpitaux confessionnels catholiques de la ville.
A l’inverse, chez la plupart des naturopathes et vendeurs des produits naturels, l’inflation généralisée des coûts des soins et remèdes indigènes a été observée. Le Zingiber officinale (gingembre) ainsi que le Citrus Limon (Citron) perçus par la population comme des "anti-Corona" ont connu une flambée de prix et se raréfiaient considérablement en fonction du temps. Cette raréfaction était provoquée par ces marchands et guérisseurs pour justifier la surenchère des médicaments naturels. De nombreux chefs de famille vivent de la médecine naturelle. 100% des vendeurs de médicaments et naturopathes interrogés avouent vivre principalement de cette activité. Une frange de cette cohorte affirme avoir créé des activités parallèles ou des succursales grâce à la vente des médicaments naturels. C’est le cas de NONO Antoine De Padoue, promoteur de l’ONG "Afrique Santé" aujourd’hui représentée dans quatre villes Camerounaises (Douala, Yaoundé, Bafoussam, Dschang) et à l’international notamment à Brazzaville et à Pointe noire au Congo populaire. Quant à CHIMI Michel, salarié et naturopathe, il soigne plus à distance au moyen des réseaux sociaux particulièrement "Facebook". Il estime à 20 000 francs CFA au minimum, son gain hebdomadaire, lequel lui permet de prendre en charge sa famille et d’utiliser son salaire à d’autres fins. Plusieurs autres témoignages vont dans le même sens. C’est le cas des mamans Rose et Jeanne, deux vendeuses de médicaments contre la typhoïde au carrefour ABC :
"Je suis veuve depuis longtemps, mon Mari est mort très tôt. Heureusement pour moi que ma maman m’avait initiée à la médecine traditionnelle. C’est grâce à ça que je nourris et envoie mes enfants à l’école" (maman Rose).
"Mon mari et moi avons tout réalisé grâce aux plantes naturelles. Lui il est naturopathe dans son cabinet médical au quartier (Bépanda) et moi je vends ici au marché. Quand il est empêché je le substitue dans son centre […] Tous mes enfants sont initiés à cette profession. Pendant les vacances ils sont soit avec leur papa au cabinet, soit ils vendent avec moi ici au marché. Tous s’en sortent parfaitement" (maman jeanne)
Nonobstant ce qui précède, nombre de personnes ont une perception pessimiste sur la pratique de la médecine traditionnelle à Douala.

2.5 La perception des risques sanitaires liés à la pratique de la médecine traditionnelle à Douala

Tant il est vrai que la médecine traditionnelle est en plein essor dans la capitale économique du Cameroun et soulage de nombreuses personnes, force est cependant de reconnaître qu’elle ne fait pas toujours l’unanimité au sein de la population et du corps médical modernisé. Ce pessimisme trouve ses origines dans l’éternelle rivalité existante entre la médecine alternative et la médecine moderne. 75% du personnel médical rencontrés dans le cadre de cette recherche s’opposent catégoriquement à la médecine parallèle. Seulement 25% de Médecins sont d’accord pour les deux modes de soins. A condition que le diagnostic médical soit effectué dans un laboratoire agréé et que la médecine moderne tarde à apporter des solutions adéquates à la maladie dépistée. Selon ces spécialistes de la santé, les risques sanitaires qui découlent de la médecine non conventionnelle sont : l’intoxication de l’organisme, la résistance de certains germes, les complications ou l’aggravation de la maladie dont souffre le patient susceptible de le conduire à la mort.
Au sein de la population échantillonnée, 10% de personnes sont contre la médecine traditionnelle alors que 5% restent dubitatives.
Les principales raisons qui sous-tendent cette opposition sont : l’absence de contrôle du secteur par les autorités sanitaires, le dosage approximatif des produits, l’ignorance du principe actif des médicaments naturels, le manque de formation et de qualification de nombreux acteurs impliqués dans ce secteur d’activité, le non-respect des règles d’hygiène et de salubrité, l’arnaque et le charlatanisme de certains acteurs. La plupart des médecins traditionnalistes soignent sans avoir au préalable effectué un diagnostic médical approprié. C’est le cas du responsable de l’"Hôpital principal" de Logpom qui répondant à la question de savoir s’il dispose d’équipements de dépistage des maladies, répondit en ces termes : "Dieu me montre la maladie et je soigne".
Pour les personnes réfractaires à la médecine traditionnelle, le risque que recèle cette activité est l’incertitude de cette thérapie exercée en majorité par des personnes audacieuses, parfois peu soucieux de la situation clinique et financière du malade. Elles sont davantage motivées par l’appât du gain et ceci au détriment de la bourse du malade. Plus grave, ces "charlatans" n’offrent aucune garantie de l’efficacité des soins qu’ils administrent.
Toutefois, il convient de mentionner que ces avis ne sont que des spéculations. Aucune donnée officielle sur les effets pervers ou risques sanitaires de la médecine naturelle n’est disponible au niveau des services de la statistique des formations sanitaires modernes.
Force est cependant de reconnaitre que la non-existence de ces données ne traduit pas l’absence de risques sanitaires inhérents à cette médecine. D’autant plus que tout médicament, peu importe sa valeur thérapeutique, peut devenir un poison si à jamais sa posologie n’est pas respectée et son principe actif mal dosé.
 
[1] Institut de Recherche Agricole pour le Développement
[2] Lire CCDA / IRAD, N° 049 Oct. 2020, p.4.

Conclusion

La médecine traditionnelle est en perpétuel développement dans la capitale économique du Cameroun. Plusieurs facteurs expliquent cet essor à savoir le cosmopolitisme de la ville ; l’inclination de la population à la médecine naturelle ; la reconnaissance de la valeur thérapeutique de quelques plantes naturelles et de certains remèdes indigènes par le gouvernement ; les défaillances de la médecine moderne, l’insuffisance d’accès aux médicaments essentiels et le faible pouvoir d’achat des populations. La conférence d’Alma Alta en 1978, La Déclaration de la Décennie de Développement de la Médecine Traditionnelle (2001 – 2010) par les Chefs d’Etats de l’Union Africaine ont également eu un impact sur l’essor de cette médecine.
Il se dégage de cette recherche que la  médecine non conventionnelle à Douala est une œuvre sociale, parce qu’elle apporte des solutions concrètes aux problèmes de santé des populations d’une part. Elle se présente aussi comme une activité économique car elle génère des revenus non négligeables d’autre part. La rentabilité discrète de ce secteur explique en filigrane le développement de cette activité, d’où la dissémination des points de vente des médicaments naturels dans les grands carrefours, les artères et places marchandes de la ville ainsi que dans les bus assurant le transport interurbain.
La commercialisation sous diverses formes des remèdes indigènes issus de différentes Régions et pays étrangers fait que la Capitale économique du Cameroun se présente comme un melting-pot de la médecine traditionnelle où les populations se tournent de plus en plus vers l’utilisation des plantes médicinales pour résoudre leur problème de santé.
Vu l’ampleur que prend la médecine alternative dans cette ville d’affaires, le gouvernement devrait davantage travailler à homologuer et publier officiellement les médicaments naturels dont la valeur thérapeutique est approuvée par les laboratoires au Ministère de la santé publique d’une part et  contrôler suffisamment ce secteur pour éviter le chaos d’autre part. Car, il importe que les solutions aux problèmes de santé des populations s’appuient sur du rationnel scientifique et non du populisme susceptible de générer des risques sanitaires avérés.
 

Références

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Publié

31 Juillet 2023

Comment citer

Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ,[En ligne], 2023,, mis en ligne le 31 Juillet 2023. Consulté le . URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?page=detail&k=296

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