2020/Vol.3-N°5 : Système alimentaire urbain et santé en Afrique

5 |Syndrome de renutrition inappropriée au cours de la prise en charge de la malnutrition aigüe sévère chez l’enfant : aspects biologiques

Inappropriate renutrition syndrome in the management of severe acute malnutrition in children: biological aspects

Auteurs

  • NGEGNI PANGETNA Hortense Médecin biologiste p.horty@yahoo.fr, Cameroun
  • AMA MOOR Vicky Jocelyne Médecin biologiste, Professeur agrégé en Biochimie movicky@yahoo.fr, Université de Yaoundé 1, Cameroun
  • ATEBA Simon Noel Master en biologie clinique noelsimon5@yahoo.fr, Hôpital central de Yaoundé
  • MBACHAM Wilfred Professeur agrégé en Biochimie koki_paul@hotmail.com, Université de Yaoundé 1, Cameroun
  • KOKI NDOMBO Paul Médecin pédiatre, Professeur agrégé en pédiatrie koki_paul@hotmail.com, Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales Yaoundé, Cameroun

Mots-clés:

Syndrome de renutrition inappropriée| malnutrition aigüe sévère| enfant| hypophosphorémie|

Résumé

Le Syndrome de renutrition inappropriée (SRI) est une cause de décès au cours du traitement de la malnutrition aigüe sévère (MAS) chez l’enfant. Il est sous-diagnostiqué en général, d’où l’intérêt d’une part d’en décrire les manifestations biologiques et d’autre part, d’évaluer la fiabilité de la méthode manuelle de dosage des électrolytes, plus accessible au Cameroun. Il s’agissait d’une étude prospective de cohorte, s’étendant de Janvier à Juillet 2017, et portant sur des enfants âgés de 6-59 mois pris en charge pour MAS. Les électrolytes ont été dosés dans le sang avant le début de la renutrition (J0), et ensuite au deuxième jour de renutrition (J2). Il s’agissait de : le potassium, le magnésium et le phosphore. Ils ont été dosés selon les méthodes : automatisée (BS 120 Mindray) et manuelle (Kenza Max Biolabo) afin qu’une comparaison soit faite en calculant le coefficient de concordance Kappa. Nous avons inclus 42 enfants. L’âge moyen était de 16 ± 10 mois. Le ratio H/F était de 1,62. La concordance entre les deux méthodes de dosage était bonne (Kappa= 0,64). A J2, nous avons observé une hypophosphorémie dans 59,3% (19 / 32) des cas. L’hypokaliémie et l’hypomagnésémie étaient retrouvés respectivement à 21,4% (09/42) et 3,12% (01/32) des cas. Les seules associations retrouvées étaient hypophosphorémie + l’hypokaliémie chez 25% (08/32) des cas, et l’hypophosphorémie + l’hypomagnésémie (01/32) dans 3,12%. La biologie du SRI se caractérise principalement par une hypophosphorémie. Le dosage manuel des électrolytes est fiable.

Introduction

Le syndrome de renutrition inapproprié (SRI) est décrit comme un ensemble de manifestations cliniques potentiellement grave survenant dans un contexte de défaillance multiviscérale (cardiaque, rénal, neurologique et respiratoire…) résultant des troubles hydro-électrolytiques et métaboliques à type d’hypophosphorémie, d’hypokaliémie et d’hypomagnésémie (A. C. Barrras-Moret, E. Guex, P. Coti Bertrand, 2011, p. 87). D’après d’autres études, Il est encore défini comme une hypophosphorémie de renutrition (M. Buzzi, A. Limonta, J. Stirneman, 2015, p. 1886 ; M. A. Crook, 2014, p. 1453 ; L. U. R. Khan, J. Ahmed, S. Khan, J. MacFie, 2010, p. 4). Malgré les protocoles de prise en charge structurés et précis de la malnutrition aigüe sévère (MAS), la probabilité de survenue d’un SRI augmente au cours de la phase précoce de renutrition avec un risque de décès élevé. La prévention est de ce fait basée sur la détection précoce des patients à risque et une prise en charge adéquate(M. Buzzi, A. Limonta, J. Stirneman, 2015, p. 1886). Cette prévention devrait faire partie de la pratique clinique et biologique quotidienne. Ce syndrome est retrouvé chez 0,4 à 34% des patients dénutris (A. C. Barrras-Moret, E. Guex, P. Coti Bertrand, 2011, p. 87 ; M. A. Crook, 2014, p. 1451). Au regard de l’absence de données cliniques et biologiques sur le SRI, au Cameroun, nous avons entrepris cette étude dont l’objectif général était de décrire le syndrome de renutrition inappropriée tel qu’observé chez les enfants atteints de malnutrition aigüe sévère et admis au Centre Mère et Enfants de la Fondation Chantal Biya (CME-FCB) qui est le centre de référence pour la prise en charge de la MAS chez les enfants. Il a été question sur le plan biologique, d’une part de décrire les variations de concentrations plasmatiques des électrolytes survenant durant la phase initiale de renutrition du malnutri ; d’autre part de comparer, les résultats des concentrations de ces électrolytes. Il s’agissait de comparer les valeurs des concentrations en électrolytes issus de la méthode de dosage manuel, à ceux issus de la méthode de dosage automatique étant donné que dans notre milieu de pratique, les automates bien que produisant des valeurs de référence, sont peu nombreux, couteux et d’entretien difficile. D’où le recours toujours constant aux dosages manuels, qu’il convient d’évaluer.

Méthodologie

1. Méthodologie

1.1. Site de l’étude

Notre étude s’est déroulée au sein du service de gastroentérologie (pédiatrie B) du Centre Mère et Enfant de la Fondation Chantal Biya de Yaoundé pour le recrutement des patients. Ce service est le premier lieu de référence de prise en charge des enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère à Yaoundé dont le cout de prise en charge est accessible et aussi un rendu de service satisfaisant par le service social actif pour les démunis. Les analyses biologiques ont été effectués au Laboratoire de biochimie du Centre Hospitalier et Universitaire de Yaoundé car dispose des appareils permettant d’effectuer les deux (02) méthodes (manuelle et automatisée) de dosages biologiques qui étaient à comparer.

1.2. Population de l’étude

La population de l’étude était constituée d’enfants de 6 à 59 mois souffrant de malnutrition aigüe sévère (rapport poids/taille < -3zscore) et pris en charge au service de Gastroentérologie de la FCB. Nous avons inclus dans notre étude les enfants n’ayant pas encore reçu le lait thérapeutique pour renutrition et Ceux dont les parents avaient donné leur assentiment. Nous avons exclu tous les patients décédés avant le 2ème prélèvement sanguin et ceux ayant reçus une perfusion contenant les électrolytes à mesurer.
Au final, la taille de notre échantillon était de 42 sachant que parmi eux 10 n’ont pas bénéficié du dosage biochimique sur l’automate dû à une panne survenue durant la période d’étude. Cette différence a été prise en compte dans l’analyse de nos données. 

1.3. Processus d’échantillonnage de la population enquêtée

Nous avons mené une étude prospective de cohorte qui s’est déroulée sur une période de 7 mois allant du 6 Janvier 2017 au 10 Juillet 2017. La prévalence du syndrome de renutrition inappropriée n’étant pas connue dans notre contexte, nous avons opté pour un échantillonnage consécutif sur une période de 4 mois. Tous les enfants de 6 à 59 mois admis dans le service et remplissant les critères définis dans notre étude étaient tous inclus dans l’étude.

1.4. Outils et procédure de collecte des données

Les paramètres collectés à l’aide d’une fiche technique étaient : les données sociodémographiques des enfants et leurs parents, les antécédents, le motif de consultation, les données anthropométriques, les pathologies associées, le traitement administré, l’évolution clinique et les concentrations plasmatiques des paramètres biologiques. Ces derniers à savoir : l’albumine, le glucose sanguin, le sodium, le potassium, le chlore, le magnésium, le phosphore et le calcium, étaient dosées simultanément pour ce qui est des électrolytes, selon les méthodes automatiques (BS 120 Mindray) et manuelle (Kenza Max Biolabo) à J0 et à J2 d’hospitalisation (Figure n°2). Ces paramètres biologiques subissent des variations pathologiques importantes au cours des premières 48h de renutrition, dont la surveillance permet de poser un diagnostic précoce de SRI afin de prévenir et de mieux prendre en charge la survenue des complications durant cette période critique. Une surveillance clinique jusqu’à J4 de renutrition permet d’évaluer l’évolution clinique en cas de SRI (Figure n°1).

figure1

La collecte des échantillons et leur manipulation ont été effectuées selon les conditions pré analytiques et analytiques suivantes :
  • Phase pré-analytique
Les Prélèvements étaient effectués sur tube fluoré (pour dosage de la glycémie) et sur tube sec (pour le reste de paramètres) et ensuite transportés dans une glacière contenant un accumulateur de froid afin de maintenir la température entre 2-8°c pour analyse dans les 2 h au plus tard.
  • Phase analytique
Dès l’arrivée au laboratoire, les échantillons étaient décantés par centrifugation à 3000trs/min pendant 5min afin d’obtenir le sérum et transférés ensuite sur les paillasses correspondantes aux différentes analyses. Les dosages des différents paramètres ont été réalisés selon les procédures délivrées par le fabricant des réactifs :
  • Soduim, potassium et du chlore étaient par potentiométrie directe à l’aide des électrodes sélectives sur l’appareil Easylyte Médica
  • Calcium par la méthode Arsenazo III
  • Phosphore par colorimétrie au molybdate d’ammonium
  • Magnésium par colorimétrie à la calmagite
Les réactifs utilisés étaient ceux de Biolabo (France), Mindray BS120 (Chine) et Easylite Médica (USA).
  • Phase post analytique
Les valeurs de référence des paramètres étaient celles indiquées par le fabricant (Tableau n°1)
tableau1
Le SRI était défini dans notre étude comme : Hypophosphorémie + Hypomagnésémie + Hypokaliémie ou Hypophosphorémie

1.5. Méthode de traitement des données collectées

Les données ont été saisies dans une base de données Excel et analysées avec le logiciel SPSS 20. Les tests de Chi-deux ou exact de Fisher concernaient les variables catégorielles (effectif, pourcentage) tandis que pour les variables quantitatives la moyenne et l’écart-type étaient appliquées. La Valeur de P<0,05 et l’évaluation de la concordance entre les résultats des techniques (automatique et manuelle) par le calcul du coefficient Kappa.

1.6. Considérations éthiques 

Nous avons obtenu la clairance éthique auprès du comité institutionnel d’éthique et de recherche de la Faculté de Médecine et des sciences Biomédicales de l’Université de Yaoundé I. L’assentiment parental était obtenu par écrit sur une fiche qui leur était présentée au début de l’étude.

Résultats

2. Résultats

2.1. Description de la population d’étude

L’âge moyen des enfants était de 16 ± 10 mois, le sexe masculin était le plus représenté avec un sexe ratio H/F de 1,62. Le motif de consultation le plus rencontré était la fièvre avec 73,8% (31 patients) pour un délai de consultation de 15-30 jours pour 64,3% des enfants.
Vingt-six patients (61,9%) avaient un poids de naissance supérieur à 2500 g. Rapport poids/taille <-3zscore donc le poids et la taille en moyenne étaient de : Poids : 6,14 ± 1,48 kg   et la Taille : 72,21 ± 8,64 cm. Concernant les pathologies associées à la MAS, les infections d’origine digestives (28,6%) et respiratoires (19%) étaient les plus représentées. Parmi les 06 femmes infectées par le VIH, la transmission materno-foetale a été effective chez 02 enfants.

2.2. Profil biologique des patients

2.2.1. Validation des méthodes de dosage (automatisée et manuelle)
La mesure du degré de concordance entre ces 2 méthodes par le dosage du phosphore et du Magnésium sérique a donné un facteur de coefficient Kappa de 0,64 dont le coefficient de corrélation r était de 0,88 pour un taux de significativité < 0,05. D’après les valeurs de référence de Landis et Koch qui permettent de comparer deux méthodes différentes de dosage d’un paramètre biologique, la concordance entre ces 2 méthodes est bonne d’où l’utilisation de la méthode manuelle uniquement ou encore automatisée donne des résultats semblables et fiables (Figure n°2).
figure2
A l’issue de la validation de ces méthodes de dosage, nous avons donc validés les résultats de dosage obtenus à partir des échantillons collectés. A partir de ces données nous avons ainsi pu décrire notre population d’étude à J0 (avant la renutrition) et J2 (2ème jour de renutrition).
  • Profil biologique des patients à l’entrée(J0) et à J2 d’hospitalisation
A J2 (jour 2) d’hospitalisation, nous avons noté dans la population d’étude une accentuation de l’hypophosphorémie allant de 40,6% à 59,37%   et dans le cas de l’hypokaliémie une accentuation allant de 14,3% à 21,4% contrairement à la magnésémie (Graphique n°1). Ces résultats montrent que le phosphore et le potassium étaient les plus perturbés au début de la renutrition par rapport au magnésium. Il est à noter que le Phosphore, le magnésium et le potassium constituent les éléments majeurs à surveiller dans le diagnostic du Syndrome de renutrition inappropriée.
graphique1
D’après le tableau n°2 nous avons relevé une baisse considérable de la moyenne à J2 dans le cas du phosphore allant de 40,8 à 38,2 mg/l traduisant une perturbation importante du phosphore par rapport aux autres électrolytes au cours de la renutrition. Cette dernière étant une valeur pathologique à type d’hypophosphorémie chez l’enfant. Cependant cette baisse n’est pas statistiquement significative.
tableau2

2.3. Diagnostic du Syndrome de renutrition inappropriée (SRI)

Dans notre population d’étude, aucun patient n’a rempli les conditions de définition d’un syndrome de renutrition telles que décrites dans la littérature à savoir : hypophosphorémie+ hypokaliémie + hypomagnésémie (Tableau n°3). Cependant, notre étude répond à la définition récente du SRI avec une incidence de 59,3% de patients présentant une hypophosphorémie. Ce qui signifie que dans notre contexte, la seule présence de l’hypophosphorémie en phase précoce de renutrition doit faire évoquer un syndrome de renutrition inappropriée pour une meilleure prise en charge.
tableau3

2.4. Evolution clinique

Dans notre population d’étude un cas de décès a été signalé après J4 d’hospitalisation (à J5). Il présentait cliniquement une MAS avec œdèmes compliquée de sepsis à point d’appel cutané. Sur le plan biologique nous avons retrouvé une hypophosphorémie légère + une hyponatrémie plus accentuée qu’à l’entrée + hypomagnésémie+ hypocalcémie+ hypoalbuminémie sévère. Ces paramètres biologiques pouvaient être assimilés aussi bien au sepsis qu’au syndrome de renutrition inappropriée.

Conclusion

Conclusion

Parvenu au terme de notre étude dont l’objectif général était de décrire le syndrome de renutrition inappropriée tel qu’observé chez les enfants atteints de malnutrition aigüe sévère et admis au CME/FCB, nous pouvons conclure que :
  • Le SRI peut être défini dans notre contexte comme une hypophosphorémie de renutrition avec une incidence de 59,3% étant donné qu’aucun patient n’a présenté l’association de ces trois(3) troubles électrolytiques : hypokaliémie+ hypophosphorémie et hypomagnésémie. Il serait donc recommandable sur le plan pratique de rechercher une hypophosphorémie à la phase précoce de renutrition afin de prévenir voir de prendre en charge précocement le SRI afin d’éviter d’éventuelles complications voire des décès liés à la prise en charge.
  • Concernant les techniques de dosage, nous avons obtenu une bonne concordance (soit 0,64 d’après les valeurs de référence de Landis et Koch) dans le dosage des électrolytes par les méthodes automatiques et manuelles. L’une ou l’autre méthode peut être utilisée selon l’accessibilité de chaque laboratoire à ces appareils pour un diagnostic biologique précoce.

Références

Références bibliographiques

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Publié

30 Juin 2020

Comment citer

Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ,[En ligne], 2020,, mis en ligne le 30 Juin 2020. Consulté le . URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?page=detail&k=105

Numéro

Rubrique

Espace,Sociétés et Santé