2022/Vol.4-N°10 : VARIA

19 |LA SÉPARATION PARENTALE ET L’ADAPTATION SCOLAIRE DES ENFANTS À OUAGADOUGOU

PARENTAL SEPARATION AND CHILDREN’S EDUCATIONAL ADJUSTMENT IN BURKINA FASO

Auteurs

  • TRAORE Sory Aboubacar Doctorant Soryaboubacar7r@gmail.com, Université Norbert Zongo

Mots-clés:

adaptation scolaire| adaptation scolaire| élève| enfant| Ouagadougou|

Résumé

La rupture d’union est un phénomène social très fréquent de nos jours. Pourtant, l’opinion générale voudrait que tout enfant naisse et grandisse dans une « famille normale » où les deux parents vivent ensemble. Est-ce une condition indispensable pour le développement des enfants ? Qu’advient-il du développement des enfants après une éventuelle séparation des parents ? Il est difficile de répondre à ces questions dans le contexte burkinabé, car le sujet y est scientifiquement très peu abordé, à cause de son caractère sensible. Ainsi, l’objectif de cet article est d’analyser l’influence de la séparation parentale sur l’adaptation scolaire des enfants dans les établissements de l’arrondissement numéro deux de la ville de Ouagadougou. À cet effet, en utilisant l’entretien semi-directif et le questionnaire, les données ont été recueillies auprès d’un échantillon constitué de 45 élèves et de six conseillers d’éducation. Elle a révélé que les moyennes annuelles scolaires des élèves après la séparation de leurs parents sont significativement plus basses que leurs moyennes annuelles scolaires avant la séparation. Par ailleurs, il ressort qu’autant le contact de l’enfant au parent non-résident est fréquent, autant il s’adapte mieux à l’école, lorsque ce contact est caractérisé par une communication d’assurance et de conseil. Par contre, lorsque le contact de l’enfant au parent non-résident est caractérisé par l’expression d’un conflit ou d’une rivalité entre les deux parents, il devient plutôt néfaste à l’adaptation scolaire de l’enfant. En plus, les résultats montrent qu’autant il y a une relation bienveillante entre les parents après leur séparation, autant l’enfant s’adapte mieux à l’école.  

Introduction

Cette étude est partie d’un cas spécifique et d’un constat démographique. Le cas spécifique concerne une fille que nous avons observée au Centre d’Éveil et d’Éducation Préscolaire (CEEP) Saint Augustin de Koudougou, lors d’un stage en 2014. Cette fille présentait plusieurs symptômes d’inadaptation scolaire, parmi lesquels figuraient des difficultés de langage verbal, des difficultés d’attention et des comportements provocateurs. Des entretiens avec sa mère avaient révélé qu’environ trois mois avant sa naissance, ses parents étaient déjà dans un processus de séparation conflictuelle, et elle naquit ainsi, dans une situation de monoparentalité. Nous nous sommes demandé alors, s’il y a un rapport entre les difficultés scolaires de cette fille et la séparation de ses parents.
Par ailleurs, sur le plan démographique, la rupture conjugale est un phénomène très rependu dans la ville de Ouagadougou. La preuve en est que Bruno Koulibaly, juge au siège du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou en 2014, affirmait: « Parmi les requêtes reçues, le divorce vient en deuxième position. Au tribunal de Grande Instance de Ouagadougou (TGI), nous sommes une vingtaine de juges chargés de traiter des cas de divorce et chacun de nous peut avoir près de trente cas de demande de divorce par mois  » (Cité par R. Somé, 2014, par. 2).
Au vu de ces constats, nous avons jugé que la question de l’adaptation scolaire des enfants en situation de séparation parentale mérite une attention particulière. Des études ont déjà été menées sur ce problème dans d’autres contextes. Nous avons par exemple celles de P. Amato (1994) et de P. Archambault (2002) qui ont toutes montré que la séparation parentale a des conséquences négatives sur la scolarité des enfants. Cependant, d’autres études montrent que ces conséquences dépendent des facteurs liés au contexte de la séparation. Il s’agit entre autres du niveau de conflit entre les parents avant et après la séparation, du degré de contact entre l’enfant et le parent non-résident (J. Dronkers, 1999, p. 195) et de la situation économique du parent qui assure la garde de l’enfant après la séparation (P. Archambault, 2002, p. 205). Toutefois selon F. Cyr, G. Di Stefano, E. Lavoie et M. Chagnon (2011, p. 70) la plupart des conséquences immédiates et durables du divorce chez les enfants découlent essentiellement d'un modèle familial unique où prédomine la figure maternelle. Pourtant, dans le contexte culturel burkinabè, la majorité des familles vivent selon un système de filiation patriarcale.
Ainsi cet article est focalisé sur le cas spécifique des enfants dont les parents biologiques en vie, ayant vécu auparavant ensemble (en union libre ou légale), mais qui ne partagent plus d’intimité et ne vivent plus ensemble dans un foyer. Autrement dit, il s’agit d’une rupture d’union conjugale, vue sous un angle démographique. Donc, il ne s’agit pas de la séparation en termes juridique, c’est-à-dire par le fait de la signature du divorce. Le départ d’un des parents de la résidence conjugale après un conflit, matérialise déjà la séparation des parents.
La séparation des parents influence-t-elle négativement l’adaptation scolaire de l’enfant ? L’adaptation scolaire de l’enfant en situation de séparation parentale dépend-t-elle de la fréquence de ses contacts au parent non-résident ? L’adaptation scolaire de l’enfant en situation de séparation parentale dépend-t-elle de la qualité de la relation entre ses parents après leur séparation ? Ainsi, l’objectif de l’étude est d’analyser l’influence négative de la séparation des parents sur l’adaptation scolaire des enfants, de mesurer l’effet de la fréquence du contact des enfants aux parents non-résidents et celui de la qualité de la relation entre les parents après la séparation.    

Méthodologie

1. Méthodologie

L’étude a été réalisée selon une démarche mixte, prenant en compte à la fois des données qualitatives et quantitatives.
La population d’étude est l’ensemble des élèves en situation de séparation parentale des établissements post-primaires et secondaires de l’arrondissement numéro deux de la ville de Ouagadougou. Au sein de cette population, nous avons tiré par sondage raisonné, 45 élèves sur une base de 279 élèves. En plus des élèves, nous avons inclus six conseillers d’éducation dans l’échantillon, en vue d’obtenir plus de données crédibles sur la scolarité des enfants. Ces conseillers d’éducation constituent un échantillon choisi uniquement dans les établissements où fréquentent les 45 élèves.    
Concernant la collecte des données, nous avons utilisé la méthode de l’entretien de recherche semi-directif et le questionnaire, qui ont été réalisés avec tous les élèves et conseillers d’éducation de l’échantillon. Les informations obtenues dans les entretiens ont fait l’objet d’une analyse de contenu, et celles récoltées par les questionnaires ont fait l’objet d’une analyse statistique à travers le logiciel de traitement statistique de données « R Commander ». Ainsi, l’évaluation des hypothèses a prévalue divers tests d’hypothèse, dont le test apparié de Wilcoxon et des tests de khi-deux.
L’élaboration du guide d’entretien et du questionnaire a été inspirée de trois hypothèses d’étude.
La première hypothèse principale suppose que la séparation parentale influence négativement l’adaptation scolaire de l’enfant. La deuxième stipule qu’après la séparation des parents, lorsqu’il y a un contact fréquent entre l’enfant et le parent non-résident, il s’adapte mieux à l’école. La troisième hypothèse affirme qu’autant il y a une relation bienveillante entre les parents après leur séparation, autant l’enfant s’adapte mieux à l’école.

Résultats

2. Résultats

Les résultats offrent une représentation de l’impact de la séparation parentale sur les enfants, du poids de la fréquence des contacts avec le parent non-résident et celui de la qualité de la relation entre les parents après la séparation.  

2.1.  L’impact de la séparation parentale sur la moyenne annuelle scolaire des enfants

L’analyse des bulletins scolaires des élèves permet d’apprécier l’évolution de leurs moyennes après la séparation des parents. Le tableau n°1 illustre donc le cas des 45 élèves concernés par la présente étude.    
Tableau n°1 : Les moyennes annuelles scolaires des enfants avant et après la séparation de leurs parents Les moyennes annuelles scolaires des enfants avant et après la séparation de leurs parents
Source : Enquête de terrain, Avril 2019
Ce tableau montre que la moyenne des moyennes annuelles scolaires des enfants a diminué (de 12,89 de moyenne à 10,51 de moyenne) après la séparation de leurs parents. Toutefois, en considérant les moyennes maximales et minimales, il apparaît que la dispersion entre les moyennes des élèves après la séparation est plus élevée que celle d’avant la séparation. Cela signifie qu’après la séparation des parents, il y a plus d’écart d’adaptation entre les enfants. Toutefois, c’est le résultat du test d’hypothèse qui permet de savoir si la différence des moyennes est significative.  
Il s’agit donc d’un test apparié, car les deux mesures proviennent des mêmes élèves. Nous avons choisi le test de Wilcoxon apparié. Les hypothèses sont :
hypothèse nulle : la moyenne annuelle scolaire des élèves après la séparation de leurs parents est égale à leur moyenne annuelle scolaire avant la séparation,
hypothèse alternative : la moyenne annuelle scolaire des élèves après la séparation de leurs parents est plus petite que leur moyenne annuelle scolaire avant la séparation.
Le test de Wilcoxon donne une p-value = 3,213e-06, qui est largement inférieure au seuil de significativité (0,05). L’hypothèse nulle est donc rejetée. Donc, la moyenne annuelle scolaire des élèves après la séparation de leurs parents est significativement plus petite que leur moyenne annuelle scolaire avant la séparation, avec une p-value = 3,213e-06. Ainsi, le test d’hypothèse prouve également qu’il y a une régression des performances scolaires des enfants après la séparation de leurs parents.
Par ailleurs, l’analyse de contenu a révélé qu’en milieu scolaire, l’effet de la séparation parentale s’observe à travers ses conséquences sur le changement de comportement des élèves. Les conseillers d’éducation ont affirmé que fréquemment, les élèves dans cette situation « aiment s’isoler et pleurer », d’autres commencent par s’absenter et finissent par ne plus venir à l’école tout le reste de l’année scolaire. En plus, ils soulignent que « la séparation des parents travaille les enfants », c’est-à-dire les fait penser à des situations traumatisantes  et les révoltent contre les adultes. C’est ainsi qu’ils ont très souvent des conflits avec leurs professeurs en classe. En plus, les propos des élèves eux-mêmes font ressortir plusieurs difficultés d’adaptation à l’école. En effet,  nous pouvons catégoriser ces difficultés en fonction de leurs causes, telles que les difficultés cognitives, les difficultés socio-affectives et les difficultés matérielles.
Les difficultés cognitives sont dues à la remémoration et les pensées récurrentes relatives aux faits de la séparation, tels que les conflits violents qui ont précédé la séparation des parents, l’humiliation ressentie à cause des considérations sociales et la nostalgie de l’harmonie du temps de l’union. Ainsi, d’après les enfants, quand ces souvenirs font irruption dans leurs consciences, ils préfèrent s’isoler car ils les font généralement pleurer.
Concernant les difficultés socio-affectives, elles sont liées au changement de contexte de vie, la difficulté à renouer des liens d’attachement avec les personnes du nouveau contexte de vie et le deuil de la séparation d’avec le parent non-résident. En effet, après la rupture des relations, l’enfant est séparé de l’un des deux parents. Il y a des cas où l’enfant continue malgré tout à voir le parent non-résident et d’autres où il ne le voit plus. En plus, lorsque le père se remarie à une autre femme, l’enfant a régulièrement des problèmes avec cette dernière.
Quant aux difficultés matérielles, ils renvoient à la prise en charge financière de l’enfant, de l’insuffisance des trousseaux académiques et du manque de moyen de déplacement pour aller à l’école. Généralement après la séparation, le père s’occupe moins des enfants. D’après les dires des enfants, celui-ci passe plus de temps à son travail et avec la nouvelle famille qu’il a fondé avec une autre femme. Même lorsque la mère a les moyens pour subvenir aux besoins de l’enfant, puisqu’elle n’est plus auprès de lui, elle ignore ce qu’il vit réellement.
Toutes ces difficultés se répercutent sur l’adaptation scolaire des enfants. Ainsi, plusieurs d’entre eux ont affirmé ne pas pouvoir bien étudier, parce qu’ils passent beaucoup de temps à penser à la séparation de leurs parents, ou parce qu’ils ne bénéficient pas d’assez de soutien de leurs pères ou encore parce qu’ils sont plus absorbés par les tâches ménagères depuis le départ de leur mère, etc. Toutes ces données contribuent à démontrer que la séparation parentale influence négativement l’adaptation scolaire.

2.2. La fréquence du contact de l’enfant avec le parent non-résident

Après la séparation des parents, le contact de l’enfant au parent non-résident s’est avéré un facteur déterminant pour l’adaptation des enfants. Le tableau n°2 offre une description du lien entre la moyenne annuelle scolaire et le contact au parent non-résident.
Tableau n°2 : Tri croisé de l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des enfants en situation de séparation parentale en  fonction de la fréquence de leurs contacts aux parents non-résidentsTri croisé de l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des enfants en situation de séparation parentale en  fonction de la fréquence de leurs contacts aux parents non-résidents
Source : Enquête de terrain, Avril 2019
Ce tableau montre que, quelle que soit la fréquence du contact au parent non-résident, la proportion des enfants qui régressent après la séparation de leurs parents est toujours plus élevée. Mais, elle est plus élevée chez les enfants qui fréquentent rarement leurs parents non-résidents (80%), que chez ceux qui ont un contact très fréquent avec leurs parents non-résidents (62,5%). Par contre, la proportion des enfants qui ont progressé est plus élevée chez ceux qui ont un contact très fréquent avec leurs parents non-résidents (25%) que chez ceux qui fréquentent rarement leurs parents non-résident (4%). Ces données tendent également à confirmer qu’autant la fréquence du contact entre les enfants et le parent non-résident est élevée, autant l’enfant s’adapte mieux à l’école. Cependant, d’un point de vu statistique, il est peu crédible de confirmer cette hypothèse sans faire un test d’hypothèse.  
Test d’hypothèse : y-a-t-il une dépendance significative entre l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des élèves et la fréquence de leur contact avec le parent non-résident ?
Les hypothèses du test de Khi-deux sont :
hypothèse nulle : l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des enfants après la séparation de leurs parents est indépendante de la fréquence de leur contact avec le parent non-résident,
hypothèse alternative : il y a une relation de dépendance entre l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des enfants après la séparation de leurs parents et leur contact avec le parent non-résident.
En réalisant le test de Khi-deux, nous obtenons les résultats suivants : X2 = 5,097 ; degré de liberté = 4 et p-value = 0,277. La p-value étant supérieure au seuil de significativité (0,05), l’hypothèse nulle, c’est-à-dire l’hypothèse de l’indépendance entre les variables est acceptée.
Pourtant, la description des données dans le tableau n°2 montre qu’il y a une relation de dépendance entre l’adaptation scolaire des enfants et la fréquence de leur contact avec le parent non-résident. En plus, 46,66% des élèves ont affirmé dans les entretiens que leurs situations se sont améliorées lorsqu’ils ont commencé à fréquenter leurs parents qui avaient quitté la cour familiale après la séparation. Ces fréquentations sont des occasions où le parent non-résident console l’enfant et lui donne des conseils relatifs à la réussite scolaire.
Cette différence des résultats peut s’expliquer par le fait que le contact de certains enfants avec leurs parents non-résidents est caractérisé par des échanges frustrants et traumatisants pour eux. En effet, après avoir quitté la cour familiale, le parent non-résident cherche à montrer son innocence à l’enfant, tout en jetant «toute l’éponge » sur le parent résident. Cela remet en cause l’attachement de l’enfant au parent qui s’occupe de lui à la maison.
Ainsi, le contact de l’enfant au parent non-résident favorise son adaptation, à la seule condition que ce contact soit de bonne qualité, c’est-à-dire caractérisé par des conseils et un soutien psychologique. Dans le cas contraire, ce contact aggrave la souffrance de l’enfant. À cet effet, l’hypothèse selon laquelle après la séparation des parents, autant les enfants ont un contact fréquent avec le parent non-résident, autant ils s’adaptent mieux à l’école est relativisée.

2.3. La qualité de la relation entre les parents après leur séparation

Les conflits conjugaux à l’origine des séparations se poursuivent souvent plusieurs années. Ces conflits influencent l’adaptation scolaire des enfants (Tableau n°3).
Tableau n°3 : Tri croisé de l’évolution des moyennes annuelles scolaires des enfants en situation de séparation parentale en fonction de la qualité de la relation entre leurs parentsTri croisé de l’évolution des moyennes annuelles scolaires des enfants en situation de séparation parentale en fonction de la qualité de la relation entre leurs parents
Source : Enquête de terrain, Avril 2019
Il apparaît dans ce tableau que, quelle que soit la qualité de la relation entre les parents après leur séparation, la proportion des enfants qui ont régressé est toujours plus élevée. Cependant, elle est plus élevée chez les enfants dont les parents ont une relation très conflictuelle (84,4%) que chez ceux dont les parents ont une relation bienveillante (66,7%). Par contre, la proportion des enfants qui ont progressé est plus élevée chez ceux dont les parents entretiennent une relation bienveillante (33,3%) que chez ceux dont les parents ont une relation très conflictuelle (3,1%). Ces données tendent également à confirmer l’hypothèse selon laquelle autant les parents ont de bonnes relations après leur séparation, autant les enfants s’adaptent mieux à l’école.
En plus, au cours des entretiens, 17,7% des enfants ont affirmé qu’ils se sont adaptés au fil du temps. Ceux qui disent que la séparation de leurs parents n’a pas eu un impact négatif sur eux, expliquent que leurs parents s’entendent bien et se concertent fréquemment pour discuter de leurs scolarités, leurs voyages pendant les vacances et d’autres petits besoins. En plus, le résultat du test d’hypothèse constitue une preuve que la qualité des relations entre les parents après leur séparation influence l’adaptation scolaire des enfants.    
Test d’hypothèse : y-a-t-il une dépendance significative entre l’évolution de la moyenne scolaire des élèves et la qualité de la relation entre leurs parents après la séparation ?
Les hypothèses du test de Khi-deux sont :
hypothèses nulle : l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des enfants après la séparation de leurs parents est indépendante de la qualité de la relation entre leurs parents,
hypothèse alternative : il y a une relation de dépendance entre l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des enfants en situation de séparation parentale et  la qualité de la relation entre leurs parents après leur séparation.
En réalisant le test de Khi-deux, nous obtenons les résultats suivants : X2 = 10,447 ; degré de liberté = 4 et p-value = 0,0335. La p-value étant inférieure au seuil de significativité (0,05), l’hypothèse nulle, c’est-à-dire l’hypothèse de l’indépendance entre les variables est rejetée. Il y a donc une relation de dépendance significative entre l’évolution de la moyenne annuelle scolaire des élèves et la qualité de la relation entre leurs parents après la séparation. En considérant ce résultat, l’hypothèse selon laquelle après la séparation parentale, autant il y a une relation bienveillante entre les parents, autant les enfants s’adaptent mieux à l’école est confirmée.
En résumé, la première et la troisième hypothèse sont confirmées. En revanche, la deuxième hypothèse est relativisée. Autrement dit, la séparation parentale influence négativement l’adaptation scolaire des enfants. Cela s’explique par le fait qu’après la séparation des parents, l’enfant est enclin à des pensées récurrentes qui le font souffrir et l’empêchent de se concentrer sur les apprentissages scolaires. Cependant, la variation de l’adaptation scolaire des enfants concernés par cette situation dépend significativement de la fréquence et la qualité du contact de l’enfant au parent non-résident, ainsi que de la qualité de la relation entre les parents après leurs séparations.

Conclusion

Il existe très peu de travaux scientifiques sur la séparation parentale au Burkina Faso. Sa sensibilité est telle que chaque sujet concerné s’en fait une représentation, se renferme et évite de s’ouvrir à un quelconque débat dans la construction du savoir scientifique. Pourtant, les acteurs de l’éducation eux-mêmes témoignent de la souffrance que ce phénomène entraine dans la vie scolaire des enfants. C’est dans ce contexte que cette étude a été menée dans l’objectif de vérifier si la séparation des parents a effectivement une influence négative sur l’adaptation scolaire des enfants, et de mesurer l’effet de la fréquence du contact des enfants aux parents non-résidents et celui de la qualité de la relation entre les parents après la séparation.
Ainsi, en utilisant une méthode quantitative matérialisée par l’utilisation du questionnaire et l’analyse statistique ; et une méthode qualitative matérialisée par l’entretien de recherche et l’analyse de contenu, nous avons découvert que dans le contexte de la ville de Ouagadougou, la séparation parentale influence négativement l’adaptation scolaire des enfants. Cela s’explique par le fait qu’après la séparation des parents, l’enfant est enclin à des pensées récurrentes qui le font souffrir et l’empêchent de se concentrer sur les apprentissages scolaires. Cependant, la variation de l’adaptation scolaire des enfants concernés par cette situation dépend significativement de la fréquence et la qualité de leur contact au parent non-résident, ainsi que de la qualité de la relation entre les parents après leur séparation.

Références

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Publié

31 Décembre 2022

Comment citer

Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ,[En ligne], 2022,, mis en ligne le 31 Décembre 2022. Consulté le . URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?page=detail&k=279

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