2022/Vol.4-N°10 : VARIA

13 |IMPACT DE LA CHIMIO-PREVENTION DU PALUDISME SAISONNIER SUR LA MORBIDITE PALUSTRE CHEZ LES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS DANS LA BENOUE (NORD-CAMEROUN)

IMPACT OF SEASONAL MALARIA CHEMOPREVENTION ON MALARIA MORBIDITY IN CHILDREN UNDER 5 YEARS OLD IN BÉNOUÉ (NORTH CAMEROON)

Auteurs

  • KAPTCHOUANG Lionel Djibie Assistant ldjibie@gmail.com, Université de Dschang
  • NDUNGO Jonathan Assistant ndungojonathan@gmail.com, Université de Yaoundé I
  • TZETE, Nathalie Sandrine Assistant tzetenatalie@gmail.com, Université de Dschang
  • TABUE Raymond Docteur tnraymon@yahoo.fr, Cameroun
  • TATA NFOR Julius Chargé de cours jtnfor2007@yahoo.com, Université de Dschang-Cameroun

Mots-clés:

Bénoué| Impact| Chimioprévention| Paludisme| Enfants de moins de 5 ans|

Résumé

Le paludisme demeure une préoccupation majeure de santé publique en Afrique subsaharienne, et particulièrement au Cameroun. La chimioprévention du paludisme saisonnier est l’une des méthodes de lutte préconisées par l’OMS. Il s’est agi en conséquence dans cet article de traiter de l’efficacité de cette méthode sur la réduction des cas de paludisme relevés chez les enfants de moins de 5 ans. L’analyse étant basée sur les données de 2016 et de 2017 des morbidités palustres et des données du nombre d’enfants traités par la chimioprévention pour chacun des districts de santé de la Bénoué, il a été calculé les proportions du paludisme, la fraction évitable des cas de paludisme grâce à l’application de cette mesure de prévention et enfin un test de corrélation. Il s’est avéré dans les différents districts de santé que cette mesure de prévention a favorisé de manière générale la réduction des cas de paludisme. A l’échelle du département, pendant les deux années de la durée de l’étude, la proportion du paludisme a été de 38,86% contre 46,45% en 2015. Ce qui traduit nettement l’efficacité de cette mesure de prévention. En revanche, le test de corrélation a montré qu’aucune relation significative au seuil de 5% n’était existante entre le nombre d’enfant traité pendant la campagne de chimioprévention et la survenue des cas de paludisme. Pour une atteinte plus élargie de la cible, nous pensons que cette mesure devrait débuter au début de la saison pluvieuse, et prendre fin un mois après le début de la saison sèche. Nous pensons également que cette chimioprévention devrait être appliquée à toutes les couches de la population pour un recul conséquent du paludisme.

Introduction

             Le paludisme comme le relève un bon nombre d’étude est l’une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde, et principalement dans les pays de l’Afrique au Sud du Sahara caractérisés par une urbanisation galopante non contrôlée (EDS 2004, p. 165 ; S. Khadime et al., 2017, p. 1). Le Cameroun est le reflet parfait de cette situation, en effet cette affection y est responsable de 40% à 45% des consultations médicales et de 30% des hospitalisations, en outre de 52% des motifs de consultations chez les enfants de moins de 5 ans, de 26% des absences au travail et de 40% des dépenses de santé des ménages (EDS, 2004, p. 165). En 2017 en revanche, le paludisme a représenté 24% des motifs de consultation, 45% des hospitalisations et 12% des décès survenus dans les centres de santé. Aussi, 32% des consultations chez les enfants de moins de 5 ans et 21% chez les femmes enceintes étaient dues au paludisme (EDS, 2018, p. 256). Mais, c’est une morbidité fortement disparate sur le plan national.
             La région du Nord est l’une des plus affectées derrière la région de l’Extrême-Nord. Elles sont caractérisées par une transmission saisonnière très intense et les enfants de moins de 5 ans constituent l’une des couches les plus touchées (C. Djeutchouang, 2010, p. 32 ; L. Djibie et al 2021, p. 26). Outre la distribution des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (MILDA) en routine et pendant les campagnes nationales, la chimio-prévention du paludisme saisonnier est appliquée dans ces zones depuis 2016. Cette stratégie est recommandée par l’OMS dans tous les pays du sahel depuis 2012 (UNICEF, 2015, p. 8 ; I. Salissou et al 2016, p. 2711 ; Sermé et al 2018, p. 1 ; OMS, 2020, p. 12 ; 2021, p. 62). Elle consiste en l’application d’un traitement préventif chez les enfants de moins de 5 ans pendant la période où la transmission est des plus intenses. Il s’agit d’administrer un traitement constitué de sulfadoxine-pyriméthamine et d’amodiaquine pendant trois jours successifs aux enfants avec un mois d’intervalle durant toute la période d’intense transmission.
             Cet article pose donc le problème de l’efficacité de la chimio-prévention du paludisme saisonnier sur la morbidité palustre chez les enfants de moins de 5 ans dans la Bénoué. Dès lors, quel est l’effet de la chimio-prévention du paludisme saisonnier sur les morbidités palustres enregistrées dans la Bénoué au Nord-Cameroun ? Ce travail a pour objectif de mesurer l’effet de l’application de cette stratégie de prévention sur la morbidité palustre chez les enfants de moins de 5 ans. Nous postulons d’emblée que cette stratégie préventive peut contribuer à la réduction des cas de paludisme enregistrés dans ce groupe cible.

Méthodologie

1. Méthodologie

1.1. Localisation de la zone d’étude

L’étude se déroule dans le département de la Bénoué dont le chef-lieu est Garoua. Il s’agit de l’un des quatre départements de la région du Nord. Il est situé entre le 9° 6' 15.214" de latitude Nord et le 13° 43' 44.101" de longitude Est. Constitué de 12 arrondissements, de sept districts de santé et 153 aires de santé, et près 261 formations sanitaires (Rapport GTR-LP, 2017, p. 7), le département de la Bénoué couvre une superficie d’environ 13614 km² avec une population estimée à près 851 955 habitants (L. Djibie et al, 2021, p. 27). Le climat tropical de type soudanien régnant dans cette zone lui donne de constituer l’un des trois faciès épidémiologiques du paludisme au Cameroun. Notamment le faciès soudanien caractérisé par une transmission saisonnière longue (C. Djeutchouang, 2010, p. 32). Cette transmission est également entretenue par l’existence de nombreux Mayo qui s’assèchent pendant la saison sèche, et du fleuve Bénoué (Carte n° 1).
Carte n° 1 : Localisation du département de la Bénoué Localisation du département de la Bénoué

1.2.       Données et méthodes de collecte

Les données utilisées dans ce travail ont été obtenues au Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP). Elles concernent les morbidités palustres enregistrées chez les enfants de moins de 5 ans, et la chimio­-prévention du paludisme saisonnier de 2016 et 2017. Ces données sont réparties selon les différents districts de santé que compte la Bénoué.
Deux méthodes ont été utilisées pour traiter ces données. Notamment la méthode de calcul de la proportion et la méthode de calcul de la fraction préventive. Le calcul de la proportion a permis de déterminer le poids du paludisme dans ce groupe cible par rapports aux autres affections. Ensuite, le calcul de la fraction préventive a permis de déterminer la fraction de cas évitée grâce à l’action de la chimio-prévention. Mais ne disposant pas de l’effectif total de la population des enfants de moins de 5 ans, la fraction préventive a été déterminée en faisant la différence des cas de paludisme diagnostiqués d’une année à une autre. En l’occurrence la différence entre la morbidité enregistrée en 2016 et celle enregistrée en 2015 lorsque la chimio-prévention n’était pas encore appliquée. Enfin, pour déterminer le lien entre ces variables, il a été effectué un test de corrélation.

Résultats

2. Résultats

Il est présenté dans cette section premièrement la proportion du paludisme par rapport aux autres pathologies et la fraction des cas évités par district de santé, deuxièmement la proportion et la fraction des cas de paludisme évités sur le plan global, et enfin le résultat du test de corrélation.

2.1. Etude de la proportion du paludisme et de l’impact de la chimio-prévention du paludisme saisonnier dans les districts de santé

La chimio-prévention du paludisme saisonnier s’est tenue au sein des différents districts de santé d’août à octobre en 2016, et de juillet en octobre en 2017.
2.1.1.   Dans le district de santé de Bibémi
La campagne pour l’administration de la chimio-prévention dans le district de santé de Bibémi a concerné 14 119 enfants âgés de 03 à 11 mois et 75 403 enfants âgés de 12 à 59 mois en 2016. Courant cette période, sur 3 212 consultations, 1 030 cas de paludisme étaient détectés soit une proportion de 32,06%. En revanche pendant la même période en 2015, sur 7 399 consultations 2 929 cas de paludisme étaient détectés soit une proportion de 39,58%. Par conséquent grâce à l’application de la chimio-prévention en 2016 il y a eu une baisse de la proportion du paludisme, et 1 899 cas en moins par rapport au niveau de 2015. Puis en 2017 la campagne a concerné 19 302 enfants âgés de 03 à 11 mois et 102688 enfants âgés de 12 à 59 mois. Pendant ces mois, sur 4 828 consultations effectuées, 1 390 cas de paludisme étaient diagnostiqués soit une proportion de 28,79%. Cependant en 2016 sur la même période, on enregistrait sur 4 929 consultations effectuées, 1 643 cas de paludisme pour une proportion de 33,33%. Alors, en 2017 on a obtenu 253 cas de paludisme en moins par rapport au niveau de 2016, et par ricochet une baisse de sa proportion par rapport aux autres affections.
2.1.2.   Dans le district de santé de Garoua 1
L’administration de la chimio-prévention du paludisme saisonnier dans le district de santé de Garoua 1 a touché en 2016, 25 757 enfants âgés de 03 à 11 mois et 98 719 enfants âgés de 12 à 59 mois. En dépit de l’effectivité de cette mesure de prévention, nous avons observé une hausse des cas de paludisme en 2016 par rapport à 2015 à la même période. En effet, en 2016 on enregistrait sur 4 934 consultations 4 160 cas de paludisme, pour une proportion de 84,31%. Par contre en 2015, sur 5 669 consultations effectuées on relevait 3 728 cas de paludisme, pour une proportion de 65,76%. Ainsi, en 2016 on note une hausse de la proportion du paludisme par rapport aux autres maladies et 432 cas de plus comparés au niveau de 2015. Ensuite en 2017, la campagne avait permis de toucher 34 154 enfants âgés de 03 à 11 mois et 130 940 enfants âgés de 12 à 59 mois. Pendant cette période étaient détectés 3 541 cas de paludisme sur 6 663 consultations effectuées, soit une proportion de 53,14%. Par contre en 2016 on relevait 4 729 cas de paludisme sur 6 713 consultations, pour une proportion de 70,44%. Alors, par rapport au niveau de 2017, on note une baisse de 1 188 cas de paludisme et de sa proportion par rapport aux autres maladies.
2.1.3.   Dans le district de santé de Garoua 2
La chimio-prévention dans le district de santé de Garoua 2 a touché 18 696 enfants âgés de 03 à 11 mois et 85 535 enfants de 12 à 59 mois en 2016. Pendant la même période, sur 4 424 consultations 2 223 cas de paludisme avaient été diagnostiqués, pour une proportion de 50,24%. Toutefois en 2015, on enregistrait sur 6 524 consultations, 3 982 cas de paludisme pour une proportion de 61,03%. Ainsi, on relève une baisse des cas de paludisme en 2016 par rapport au niveau de 2015 soit 1 759 cas. Mais cette baisse contraste avec la hausse de la proportion du paludisme par rapport aux autres maladies. En 2017, 19 627 enfants de 03 à 11 mois et 95 956 enfants de 12 à 59 mois ont été traités. Pendant la même période, sur 6110 consultations effectuées, 2 344 cas de paludisme ont été déclarés, soit une proportion de 38,36%. Par contre en 2016 on notait sur 5 965 consultations 2 913 cas de paludisme, pour une proportion de 48,83%. De ce fait, par rapport au niveau de 2016, en 2017 on note une baisse de la proportion du paludisme, soit une différence de 569 cas.
2.1.4.   Dans le district de santé de Gashiga
Dans le district de santé de Gashiga, la chimio-prévention en 2016 a permis de traiter 12 376 enfants de 03 à 11 mois et 72 235 enfants de 12 à 59 mois. Durant cette période, 939 cas de paludisme étaient diagnostiqués sur 2041 consultations effectuées, pour une proportion de 46%. En revanche en 2015, on enregistrait sur 4 150 consultations 1 814 cas de paludisme soit une proportion de 43,71%. Ainsi, grâce à la chimio-prévention on a noté en 2016, 875 cas de paludisme en moins par rapport au niveau de 2015, mais avec une proportion par rapport aux autres maladies plus élevée. En 2017, 13 398 enfants âgés de 03 à 11 mois et 76 641 enfants âgés de 12 à 59 mois ont été traités. Durant cette période, 928 cas de paludisme ont été relevés sur 5 715 consultations effectuées, soit une proportion de 16,23%.  Par contre en 2016 sur la même durée, on enregistrait 1 314 cas de paludisme sur un effectif de 2 961 consultations, pour une proportion de 44,37%. En somme en 2017, grâce à la chimio-prévention on a relevé 386 cas de paludisme en moins par rapport au niveau de 2016, de plus la proportion par rapport aux autres pathologies a considérablement baissé.
2.1.5.   Dans le district de santé de Lagdo
Dans le district de santé de Lagdo en 2016, grâce à la chimio-prévention ont été traités 18 294 enfants de 03 à 11 mois et 94 179 enfants de 12 à 59 mois. Pendant la même période, 1 537 cas de paludisme étaient déclarés sur 3 632 consultations, soit une proportion de 42,31%. Par contre en 2015, on relevait sur 9185 consultations effectuées, 3 907 cas de paludisme, pour une proportion de 42,53%. En somme du fait de la chimio-prévention, on a enregistré en 2016 une légère baisse de la proportion du paludisme par rapport aux autres maladies, et 2 370 cas en moins par rapport au niveau de 2015. Par ailleurs en 2017, 25 607 enfants âgés de 03 à 11 mois et 132 475 enfants de 12 à 59 mois ont été traités. Sur la même période, on enregistrait 2283 cas de paludisme sur 6 968 consultations, pour une proportion de 32,76%. En revanche sur la même période en 2016, on enregistrait 2 344 cas de paludisme sur 5 511 consultations effectuées, pour une proportion de 42,53%. Alors, par rapport au niveau de 2016, on note une baisse de la proportion du paludisme et une diminution de 61 cas en 2017.
2.1.6.   Dans le district de santé de Ngong
La chimio-prévention dans le district de santé de Ngong a permis de traiter en 2016 26 866 enfants âgés de 03 à 11 mois et 135 693 enfants âgés de 12 à 59 mois. Sur la même période, de 3676 consultations, 1547 cas de paludisme étaient relevés, pour une proportion de 42,08%. En revanche en 2015, on notait sur 6 877 consultations réalisées 2913 cas de paludisme, soit une proportion de 42,35%. Ainsi du fait de la chimio-prévention, il a été noté une légère baisse de la proportion palustre, et 1 366 cas en moins par rapport au niveau de 2015. Puis en 2017, cette mesure a permis le traitement de 31 040 enfants de 03 à 11 mois et de 148 331 enfants âgés de 12 à 59 mois. Courant cette période, sur 5 292 consultations effectuées 1 417 cas de paludisme ont été diagnostiqués, pour une proportion de 26,77%. Par contre en 2016, on enregistrait 2 260 cas de paludisme sur 5095 consultations, pour une proportion de 44,35%. En définitive, grâce à la chimio-prévention on a relevé 843 cas de paludisme en moins en 2017 par rapport à 2016, et une baisse considérable de la proportion.
2.1.7.   Dans le district de santé de Pitoa
La chimio-prévention du paludisme saisonnier dans le district de santé de Pitoa a été administrée à 13 917 enfants de 03 à 11 mois et 74 563 enfants âgés de 12 à 59 mois en 2016. Sur la même période, on notait sur 3199 consultations effectuées 1 466 cas de paludisme, soit une proportion de 45,82%. En revanche en 2015 on relevait 3 089 cas de paludisme sur 6 197 consultations effectuées, soit une proportion de 49,84%. Ainsi, la chimio-prévention a favorisé en 2016, une diminution de la proportion du paludisme, et 1623 cas en moins par rapport à 2015. En plus, 18 673 enfants de 03 à 11 mois puis 95012 enfants de 12 à 59 mois ont été traités en 2017. Sur cette période, on enregistrait 594 cas de paludisme sur 4 944 consultations, soit une proportion de 12,01%. Par contre en 2016 on relevait 1 991 cas de paludisme sur 4 693 consultations effectuées, pour une proportion de 42,42%. En somme, grâce à la chimio-prévention, on a relevé 1397 cas de paludisme en moins, et une baisse de la proportion en 2017 par rapport à 2016

2.2. Analyse comparative de la couverture de la  chimioprévention au sein des districts de santé

La figure n° 1 donne de constater que dans tous les districts de santé, le nombre d’enfant traité par cette mesure de prévention a augmenté au cours de la deuxième année d’application : 2017. Ceci s’explique par le fait qu’en 2017 par rapport en 2016, la campagne d’administration de ce traitement a débuté un mois plus tôt.
Figure n°1 : Evolution par district de santé entre 2016 et 2017 du nombre d’enfants traités par la chimiopréventionEvolution par district de santé entre 2016 et 2017 du nombre d’enfants traités par la chimioprévention
Source : PNLP 2017
En outre cette chimioprévention pendant la durée de l’étude s’est déployée de manière divergente dans les différents districts de santé, et par conséquent n’a pas atteint le même nombre d’enfant partout. La figure n° 2 permet de voir que le district de santé de Ngong a pu faire une large couverture et toucher le plus grand nombre d’enfants de zéro à 59 mois, soit 341 930 enfants. Il est suivi du district de santé de Garoua 1 où 289 570 enfants ont été traités, puis du district de santé de Lagdo où 270 555 enfants ont été traités. Ensuite le district de santé de Garoua 2 a couvert 219 814 enfants, le district de santé de Bibémi 211 512 enfants, et le district de santé de Pitoa 202 165 enfants. Et enfin, le district de santé de Gashiga est caractérisé par la plus faible couverture soit 174 650 enfants de moins de 5 ans traités pendant la période d’étude.
Figure n°2 : Couverture de la chimioprévention dans les différents districts de santéCouverture de la chimioprévention dans les différents districts de santé
Source : PNLP 2017

2.3.      Étude de la proportion du paludisme et de l’impact de la chimio-prévention du paludisme saisonnier à l’échelle du département

Dans le département de la Bénoué en 2016, la chimio-prévention a été administrée à 130 025 enfants de 03 à 11 mois et 636 327 enfants de 12 à 59 mois. Pendant cette période, 25 118 consultations avaient été réalisées, et parmi elles, 12902 cas de paludisme étaient relevés, soit une proportion de 51,36%. Cependant en 2015, on enregistrait sur 46 001 consultations 22 362 cas de paludisme, pour une proportion de 48,61%. En somme, on note 9 460 cas de paludisme en moins par rapport au niveau de 2015, mais une hausse de la proportion du paludisme par rapport aux autres pathologies. En 2017, la chimio-prévention était administrée à 161 801 enfants de 03 à 11 mois et 782 043 enfants de 12 à 59 mois. Courant la même période, sur 40 520 consultations, on relevait 12497 cas de paludisme soit une proportion de 30,84%. En revanche en 2016, on enregistrait sur 35 867 consultations 17 194 cas de paludisme, soit une proportion de 47,93%. Ainsi, cette mesure a permis de diminuer le poids du paludisme dans les motifs de consultations et d’obtenir 4 697 cas de paludisme en moins en 2017 par rapport au niveau de 2016.
Considérant les deux années de la période d’étude, la chimio-prévention a été administrée à 291 826 enfants de 03 à 11 mois et 1 418 370 enfants de 12 à 59 mois, soit 1 710 196 enfants de zéro à 59 mois. Pendant cette période, il y a eu 29691 cas de paludisme sur 76387 consultations effectuées, pour une proportion palustre de 38,86%. Contre 25 990 cas de paludisme relevés sur 55 950 consultations en 2015, pour une proportion de 46,45%. En somme, grâce à l’administration de la chimio-prévention, le poids du paludisme dans la morbidité totale a diminué pendant les deux années de notre étude par rapport au niveau de 2015 où cette mesure de prévention n’était pas encore pratiquée. En dépit de cette conclusion, aucune relation statistiquement significative au seuil de 5% n’est effective entre nos variables. En effet, le test de corrélation effectué a donné un coefficient de 0,49 et une significativité bilatérale de 0,25. Ainsi, il n’existe aucun lien statistique entre les enfants de moins de 5 ans traités à la chimio-prévention du paludisme saisonnier et les cas de paludisme obtenus pendant les deux années de la période d’étude.

Conclusion

Au long de ce travail, nous nous sommes attelés à évaluer l’impact de la chimioprévention du paludisme saisonnier sur l’occurrence des cas de paludisme chez les enfants de moins de 5 ans. Il en résulte que la chimioprévention dans les districts de santé n’a pas eu le même impact en termes d’enfants traités. Le plus grand nombre d’enfants traités pendant la période de l’étude a été enregistré dans le district de santé de Ngong et le plus petit dans celui de Gashiga. Cependant, de manière générale cette mesure a favorisé une réduction considérable des cas de paludisme dans tous les districts de santé. En plus à l’échelle du département, pendant les deux années de la durée de l’étude, la proportion du paludisme a été de 38,86% contre 46,45% en 2015. Ce qui traduit à suffisance l’efficacité de cette mesure de prévention. Par contre, le résultat du test de corrélation a montré qu’aucune relation significative au seuil de 5% n’était existante entre le nombre d’enfants traité pendant la campagne de chimioprévention et la survenue des cas de paludisme. Pour une atteinte plus élargie de la cible, nous pensons que cette mesure devrait débuter un peu plus tôt avec le début de la saison pluvieuse, et prendre fin un mois après la fin de cette saison. Nous pensons également que cette chimioprévention devrait être appliquée à toutes les couches de la population pour un recul conséquent du paludisme.

Références

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Publié

31 Décembre 2022

Comment citer

Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ,[En ligne], 2022,, mis en ligne le 31 Décembre 2022. Consulté le . URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?page=detail&k=281

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