8 |COMMERCE AMBULANT DE L’EAU DE BOISSON ET RISQUE SANITAIRE
TRADE IN DRINKING WATER AND HEALTH RISKS
Mots-clés:
Résumé
Indispensable à l’apport des nutriments essentiels dans l’organisme humain, l’eau de boisson, en tant que denrée alimentaire, est au centre de plusieurs recherches sanitaires. Acquise à travers le commerce ambulant, l’eau ingérée par les citadins est parfois susceptible d’affecter leur santé. En s’appuyant sur le paradigme de « l’individualisme méthodologique », cet article articule que : nonobstant le protocole des soins administrés, les bouteilles et l’eau de boisson, exposent les consommateurs au risque des maladies d’origine hydriques. Parvenir à ce modèle représentatif, a nécessité une mobilisation méthodologique, se référant à la méthode multiple, qui joint les démarches qualitative et quantitative. Elle est soutenue, d’une part, par les techniques d’observation documentaire et d’observation directe. D’autre part, à partir de l’entretien individuel semi-directif. Les données notées et enregistrées ont fait l’objet de l’analyse de contenu d’entretien. De cet article, deux résultats sont retenus. Le risque maladif par l’eau de boisson émerge des actions individuelle et collective en rapport à un environnement pollué (1) ainsi qu’aux mécanismes d’hygiène moins rigoureux (2).
Introduction
S’inspirant de la pensée essentialiste, l’eau est nécessaire pour l’existence humaine. « L’eau est le principal constituant des êtres vivants, elle est indispensable au développement de toute vie » (L.G. Guay, et A.L. Britto, 2017, p.415-425). Ce principe justifie sa célébration en date du 22 mars de chaque année, dans l’espoir de servir constamment une eau non souillée afin de garantir la santé humaine (nations unies, 2023). « L’eau, c'est la vie » (plan international, 2023) réaffirme Plan International dans le sens d’encourager l’usage de l’eau potable et sécurisée. Cet essai manifeste à portée militante est balloté par des échanges sociaux, commerciaux, qui vulgarisent la consommation de l’eau de boisson, dont la qualité est questionnable. Constituant des pactes sociaux, l’eau non minérale en ville (Yaoundé), est vendue par les ambulants. Ils proposent un service caractérisé par la carence d’encadrement d’un code de la santé publique rigoureux. Sous la pluie et le soleil, les commerçants vendent « à la sauvette avec l’exposition spectaculaire au soleil des boissons dans des emballages en plastique (eau minérale et eau gazeuse) dans des brouettes, à même le sol, sur les devantures des échoppes » (médiaterre, 2018) et dans des paniers tenus en main ou bien la tête. Collectées dans l’environnement dont les bacs à ordures, les rues sont quelques exemples, ces bouteilles et leur contenu sont susceptibles de promener des risques sanitaires. Dès lors, cet article croise le rapport entre l’eau de boisson vendue par les ambulants à Yaoundé, et les périls de santé qu’elle suscite. Ce qui introduit la question suivante : en quoi l’eau de boisson vendue par les ambulants à Yaoundé constitue un écueil à la santé des usagers ? En guise de réponse, son postulat est que : les comportements individuels et collectifs des acteurs impliqués dans l’usage des bouteilles plastiques et de leur contenu, développent des rationalités de propreté, opportunes aux dangers sanitaires.
Méthodologie
1. Méthodologie
La méthodologie se distingue en deux sous-secteurs : celui de l’état de l’art et du matériel de terrain.
1.1. Etat de l’art
L’état de l’art qui constitue cet article charrie des contributions scientifiques de l’eau de boisson et sa valeur dans les sociétés humaines. Dans ce sens, un regard est porté sur les conséquences qu’entraine la pénurie d’eau auprès des consommateurs. Prenant pour exemple le Cameroun, la déficience d’approvisionnement de l’eau potable par la société agrée Camwater, est conséquente à la ruée vers des sources non potables. C’est dans cette mesure qu’en 2022, la consommation d’eau polluée par les populations du Sud-Ouest a accéléré l’affermissement du choléra et entrainé des décès. « La flambée du choléra (Sud-Ouest) s’explique notamment par le manque d’eau » (allo docteurs africa, 2023). Par ailleurs, l’eau polluée est parfois distribuée. Pour une autre source, la Cameroon Water Utilities (Camwater) distribue une eau contaminée. Il s’agit d’une denrée, qui manifestement ne rassure pas constamment la qualité de clarté de l’eau. Pour preuve, l’eau du robinet est occasionnellement « colorée » et « boueuse » soutient une source (O. Atangana, 2023). Cette approche ne prend pas garde de l’indispensabilité de ce liquide.
La thèse essentialiste aborde la question de l’eau buvable en tant que substance vitale. Sous cet angle, l’eau est fondamentale dans les sociétés humaines. C’est elle qui nourrit l’existence sociale. « L’eau que nous consommons chaque jour est essentielle à la vie » (P. Levallois, 2023) peut-on constater. En créant un lien étroit entre l’eau et les individus, ce point de vue renforce la représentation sociale du bien-être que procure cette subsistance. Nonobstant, c’est davantage l’eau de bonne qualité qui procure la garantie sanitaire des consommateurs. Sa « qualité a toujours été un élément indispensable à un environnement favorable à la santé », (P. Levallois, 2023). La propriété de l’eau est intrinsèquement liée à un cadre social sanitaire. Elle ne doit pas susciter des maladies d’origine hydrique. On se rend compte que l’eau a alors une valeur. Au-delà du liquide, de son caractère physique, elle est digne d’estime grâce à sa « qualité ». La qualité souligne subséquemment l’attribut, la perception que les humains ont d’elle, puisque cette qualité emplit un rôle d’adjuvant de santé. En ramenant l’eau sous son angle sanitaire, le débat autour de sa qualité s’étoffe.
Si l’eau est connue dans plusieurs sociétés humaines, sa qualité demeure au centre des préoccupations. Les politiques publiques s’intéressent par exemple à la valeur de l’eau parce qu’elle reste essentielle dans les activités sociales. Reconnaissant les lacunes dans la production de l’eau, l’amélioration de sa qualité demeure un axe fondamental dans la définition des politiques nationales des pays. « Actuellement, loin d’avoir été résolu, le problème de la qualité de l’eau de boisson est toujours une priorité de santé publique, autant dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés. » (P. Levallois, 2006, 69-149). Autrement dit, peu importe le statut socio-économique des pays, tous sont franchis par l’impuissance de produire continuellement l’eau de bonne qualité. L’auteur aurait pu situer une ethnographie de l’usage d’une eau contaminée. La thèse pessimiste des pays pauvres défend le point de vue selon lequel, l’infection hydraulique dans ces cadres sociaux est en rapport à l’indigence sociale. Ce lien explique dès lors la manifestation constante des maladies hydriques. « Dans les pays en voie de développement, le fléau des maladies entériques d’origine hydrique est un problème toujours aussi criant » (bruce-grey-owen sound health unit, 2000). Dans les États du sud/ du « tiers monde », la mauvaise qualité de l’eau est en rapport au foisonnement des affections intestinales. Par pays en développement, entendons : « [les pays en voie de développement sont] les pays dont le niveau de vie, les revenus, le développement économique et industriel sont plus ou moins inférieurs à la moyenne. Ils sont souvent appelés « tiers-monde ». Une autre gradation a lieu par rapport aux pays les moins développés du quatrième monde. » (données mondiales.com, 2023). Alors, l’auteur régionalise le constat selon lequel, le foisonnement des maladies digestives, est patent dans les pays pauvres, à cause de l’offre des efforts politiques, sanitaires, moyens. Dans ce cadre, les citoyens ne peuvent que consommer à la limite des ressources de l’État du tiers mode. Si ce point de vue est vérifiable, il demeure que, cette piste sociocentriste est discutable. Les pays riches ne sont pas épargnés des maladies d’origine hydriques.
Pour l’analyse épidémiologique, la problématique de l’eau contaminée interpelle aussi les pays florissants. Dans cette démonstration, le caractère infectieux de l’eau consommable ne s’accorde pas au statut fortuné d’un pays. Cette opinion accuse davantage l’action humaine à l’origine de la production. (B. MacKenzie, and al, 1994, p.161-167) critiquent le système de production et de distribution d’eau consommable en Amérique du Nord, qui ne traite pas suffisamment l’eau pour qu’elle ne soit pas dangereuse à la santé humaine. Les responsables ont d’ailleurs reconnu le caractère bactérien de l’eau distribuée. C’est justement l’usage, la consommation d’eau infectieuse qui a fait émerger les « épidémies importantes de maladies d’origine hydrique » (B. MacKenzie, and al, 1994, p.161-167,) dans les pays d’Amérique du Nord. Dès lors, le lecteur est renseigné sur la cause de l’émergence de maladies d’origine hydriques, et la fonction humaine dans cette crise sanitaire ne clôt pas les débats scientifiques. La tendance structuraliste dédouane la cause humaine en orientant le débat sur l’infrastructure. Son substrat est que : si l’eau contamine les populations, c’est parce que les systèmes de production et de distribution ne sont pas mis à jour (S. Hrudey et al, 2003, p.7-14,). La mise à jour consiste à développer des stratégies modernes de traitement des eaux buvables. La croissance des maladies de nature hydrique est en rapport à l’usage des méthodes traditionnelles de traitement des eaux. Une lacune partagée autant par les pays du sud, que ceux industriels. La vétusté de l’appareillage de traitement ainsi que des techniques de gestion vieillies soutiennent cette thèse. Il est clair que l’auteur refuse t’attaquer les institutionnels censés améliorer l’infrastructure. La cause de la remise en question de l’eau n’est pas toujours structurelle comme l’explique le présent auteur.
La trajectoire scientifique propose d’analyser le management chimique de l’eau de consommation pour dégager les processus de purification. Dans ce registre, l’argumentaire soutient que le traitement des eaux destinées à la consommation, est tributaire à la lutte contre les infections. Pour s’y faire, des techniques simplifiées sont mises en exergue dans la prise en charge du traitement des eaux. Si cette initiative est moderne et encourageante, elle soulève des critiques concaves dans le sens où elles approfondissent le débat en rendant plus infectieux l’eau. Le traitement par des « solutions chimiques » (P.Levallois, 1995, p.205-219) est important et, entraine les « contaminations ». Certes, il existe de nouvelles techniques permettant d’évaluer la contenance chimique des contaminants, et qui les quantifient à très faible « concentration ». Malgré ces intelligences de gestion, il n’est pas exposé le degré de nuisance des produits chimiques contenus à faible quantité dans ces eaux. On est au moins conscient d’une réalité, il existe des « sous-produits générés par la désinfection de l’eau » (P.Levallois, 1995, p.205-219) ou « les substances pharmaceutiques » (T.Ebere, 2002, p.5-17). Au sortir de cette revue, il émerge que la littérature n’a pas relevé le lien social entre l’eau vendue de manière mobile et le risque sanitaire induit. Dès lors, cet article comprend le risque maladif de l’eau non minérale, vendue dans les espaces publics de Yaoundé. La problématique est examinée par un matériel et une méthode indiquée plus bas.
1.2. Matériaux et méthodes
Le présent article a pour unité d’observation Yaoundé. Ce site est préféré en ce qu’il présente quelques atouts comme des vendeurs d’eau plus ou moins professionnels, et une forte demande. Composée de sept arrondissements (Yaoundé), seulement les quartiers Elig-Essono, Mvog-Ada, Elig-Edzoa et Nkolndongo sont retenus dans le cadre de cette analyse. Ces lieux sont préférés en raison de leur fréquentation populaire que favorisent les marchés de vivre, le stade sportif et les activités professionnelles. Ensuite, c'est précisément ici que sont observées la commercialisation/le ravitaillement des bouteilles vides, le traitement de l’eau et les interactions de vente. Du point de vue théorique, cette analyse fait usage de l’individualisme méthodologique en démontrant que le risque maladif par l’eau contaminée est dû aux actions individuelles et collectives, (R. Boudon, 1973, p.106-113). La théorie est soutenue par l’approche méthode multiple qui donne l’importance à la triangulation des démarches qualitative et quantitative. C’est dans cet esprit que les techniques d’observation indirecte qui précise les sentiers battus, et l’observation directe, restituent le cadre naturel des individus. De même, il est réalisé les entretiens individuels semi-directifs dans les rues, dans l’intérêt de dégager les attitudes et les comportements susceptibles au risque sanitaire. Deux items structurent ces entretiens avec les vendeurs et les consommateurs. Il s’agit du traitement des emballages, celui de l’eau et le risque aux infections hydriques. 16 enquêtés ont été interrogés (dix vendeurs et six consommateurs). Il s’est agi de neuf personnes de sexe féminin et sept, de sexe masculin. Cette marge quantitative a permis d’atteindre la saturation informationnelle en exprimant des opinions diversifiées et complexes. Ces données ont été enregistrées à la suite du consentement des informateurs, puis soumises à l’analyse de contenu d’entretien. Les précisions de la méthode achevées, le prochain axe situe les résultats issus des processus méthodologiques.
Résultats
2. Résultats
Cette partie concentre les informations collectées sur le terrain. La première phase de présentation des résultats porte sur les commerçants. Dans ce cadre, il est établi leur profil, autant l’activité qu’ils mènent.
2.1. Profil des vendeurs ambulants d’eau non minérale
2.1.1. La commercialisation de l’eau de boisson et la dynamique sexuelle
Les commerçants sont des individus adolescents, jeunes et adultes des deux sexes. Il est dénombré six personnes de sexe féminin, et quatre de sexe masculin. Leur âge oscille entre 12 pour la plus jeune, et 35 ans pour la plus âgée. À ce constat, deux informatrices définissent leurs âges en ces propos : « j’ai 12 ans », « j’ai 32 ans », déclarent V3 et V7. Au-delà du critère de l’âge, la scolarité pareillement est un élément analysé.
2.1.2. Les vendeurs : un parcours scolaire moins alléchant
Dans la globalité, les informateurs commerçants ont le niveau d’étude primaire. Sur dix commerçants, sept ont obtenu le Certificat d’Étude primaire, puis raccrochés au secondaire. Une source sur dix est inscrite au cours moyen deux, une autre n’a pas fréquenté, pendant qu’un seul individu suit les études universitaires. Ces acteurs ont une manière de
2.1.3. L’environnement, incontestable berceau de collecte des bouteilles
Les bouteilles servant d’emballage sont principalement collectées dans l’environnement. Il y a celles provenant de l’espace public. Dans ce registre, les rues, les bacs à ordure, les rives des rivières et des ruisseaux sont des illustrations. D’autres bouteilles parviennent des fournisseurs, « des vendeurs » immobiles installés « à Elig-Edzoa ». En parallèle, il y a des fournisseurs mobiles qui collectent les emballages auprès des milieux de fréquentation, en occurrence des « bistrots, hôpitaux », « les hôtels, les restaurants de la ville, les sociétés Camtel (Cameroon Telecommunications), SNI (Société National d’Investissement) ». « Nous prenons les bouteilles dans les grands restaurants noon » ; « moi, j'achète mes bouteilles à l’hôtel. Dans les hôtels noon » déclarent V9 et V6. Ces bouteilles sont ensuite accommodées pour vendre de l’eau.
2.1.4. Bouteilles : sociographie des processus d’assainissement
Une fois acquise, les bouteilles sont nettoyées de manière artisanale. Tous les enquêtés soutiennent que le travail se fait à la main. Une partie des vendeurs (6/10) relève qu’elles sont lavées une fois, à « l’eau de javel », au « savon « macabo », « au détergent et à l’éponge ». En d’autres termes, ils ont besoin de javelliser l’eau courante, dissoudre un détergent/utiliser un morceau de savon, ensuite nettoyer les bouteilles à l’aide l’éponge. Par la suite, ces emballages sont « rincés ». À titre d’exemple, il est suivi qu’ : « on les lave, on met un peu « d’eau » de javel dans l’eau et (l’) on utilise le savon macabo parce que le détergent, ça va sentir dans la bouteille » (V7) ; « on les lave soit avec l’eau de javel, soit avec le désinfectant : l’anios […]. C’est un désinfectant pour laver les bouteilles » (V1). Pour les autres laveurs (4/10), sans se départir du processus de nettoyage énoncé plus haut, ils relavent les bouteilles parce que le fournisseur l’a fait avant de les leur vendre. C’est pourquoi, V4 déclare que : « les bouteilles en étant propres, et en étant lavées, nous, on relave encore avec le savon et il y a un désinfectant là pour les bouteilles ». Après l’assainissement des bouteilles, vient l’étape de la potabilité de l’eau.
2.2. Question de potabilité : le traitement de l’eau avant la vente
Les marchands estiment tous, vendre une eau filtrée. Trois vendeurs affirment utiliser le filtre à eau domestiquent. À cet effet, une source renseigne qu’ : « on filtre d’abord, on met dans le filtre en haut » (V4). Le reste des informateurs, soit sept, soutiennent faire usage d’un appareillage beaucoup plus important. V7 dispose d’un «osmoseur» : « il y a la machine qui la traite. Il y a l’osmoseur. L’osmoseur, on appelle la machine là : «osmoseur » ». Pendant que V3 ne peut que décrire un dispositif dont le nom l’échappe. Il déclare qu’ « il y a les machines que les blancs vendent là. Ce qui a trois tuyaux là. Il y a deux ça (deux machines filtres), ce qui est collé au mur. Il y a un tuyau qui tire l’eau, ça entre dedans, et ça « refiltre » alors avant de sortir dans les bidons ». Ces processus de potabilité induisent les sources à soutenir que l’eau vendue, est dénuée de toute impureté et dont saine à la santé des consommateurs. En termes de risque à la santé, sur dix informateurs, seulement un seul reconnait le risque de contamination de l’eau vendue. En principe, il accuse ses concurrents de proposer une eau de mauvaise qualité, contrairement à celle qu’il offre. Il s’exprime en ces propos : « notre eau, non (est potable). Les eaux des autres, oui (contaminée). C’est pourquoi les autres ont peur d’acheter notre eau. Nous, on prend quand même la peine de leur expliquer comment est notre eau » (V7). La clôture de cette partie permet d’achever la présentation des résultats en s’intéressant à la représentation hygiénique que les clients se font du commerce ambulant de l’eau de consommation à Yaoundé.
2.3. Les consommateurs : opinion hygiénique sur le commerce mobile de l’eau de boisson à Yaoundé
2.3.1. Connaissance sur la provenance des emballages d’eau
Les consommateurs ne sont pas totalement ignorants de l’origine environnementale des bouteilles. Unanimement, tous soutiennent l’argument de la collecte des emballages dans les espaces publics. À cet effet, deux récits retiennent l’attention. Il s’agit de C4 et de C2 qui soulignent tour à tour que les bouteilles proviennent « du ramassage en route ou dans les poubelles », comme « des ménages, bacs à ordures et des cylindres de stockage des bouteilles ». Les consommateurs ont tout de même quelques savoirs sur le processus de nettoyage de bouteilles.
2.3.2. La propreté des emballages et la purification de l’eau
La question de la propreté des emballages est relativement connue des consommateurs. Ils savent partiellement les intrants utilisés pour nettoyer les bouteilles avant de les embouteiller. Dans le lexique d’hygiène de ces derniers, l’usage de « javel », de « désinfectant », « d’eau chaude », de « savon », et de « détergents » soutient le mécanisme d’entretien des bouteilles. De même, les consommateurs spéculent que l’eau coulante a reçu un traitement afin d’être potable. Selon trois répondants sur six, l’eau vendue obéit à des processus de purification. De ce fait, ils consomment une eau qui ne procure que la santé. C’est pourquoi dans leur vocabulaire, des expressions comme « bien traiter », « on traite avec le javel», sont récurrentes. L’autre fraction s’est retenue à propos de la question en soulevant un aspect facial, et hochement d’épaule pour exprimer leur ignorance. Ces informateurs ont également accordé un jugement à la qualité de l’eau vendue.
Conclusion
En définitive, l’article avait pour enjeu de démontrer en quoi l’eau commercialisée par les ambulants à Yaoundé constitue un risque sanitaire. Ce péril à la santé humaine s’explique par un double ordre. En premier, ce sont les actions individuelle et collective, qui jettent et ramènent de l’environnement infectieux des bouteilles. En second, les commerçants développent des mécanismes d’hygiène moins rigoureux à l’égard des bouteilles et de l’eau de boisson. Les bouteilles, naturellement, sont à usage unique à cause de certaines propriétés nuisibles. Ce caractère toxique, méconnu des usagers, s’adjoint à la contamination des agents pathogènes environnementaux et des pratiques humaines moins salubres. Dès lors, le risque sanitaire des usagers se présente comme la conséquence des pratiques individuelles et collectives inappropriées des mécanismes de traitement hygiénique des bouteilles, et de l’eau vendue de manière ambulante à Yaoundé. La médecine devrait s’approprier de cette problématique pour prévenir l’émergence d'épidémies humaines et des grands problèmes de santé publique.
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Publié
31 Juillet 2023
Comment citer
Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ,[En ligne], 2023,, mis en ligne le 31 Juillet 2023. Consulté le . URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?page=detail&k=292
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