Introduction

Les inondations constituent un risque majeur et sont inscrites au premier rang des catastrophes naturelles dans le monde (Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, 2004, p. 2) . De ce fait, elles engendrent d’énormes conséquences du point de vue économique et humain dans le monde. En effet, les inondations font environ 20 000 victimes par an (Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, 2004, p. 2) . Au plan économique, les pertes dues aux inondations atteignaient 6 milliards de dollars en 2005 parmi les 136 plus grandes villes côtières du monde, et qui pourraient atteindre 60 à 63 milliards en 2050 si le risque de catastrophe reste constant (S. Hallegatte et al., 2013, p.1) .
En Afrique, les accidents mortels liés aux inondations, ainsi que les pertes économiques, ont dramatiquement accru au cours des cinquante dernières années. L’intensification des établissements humains et non planifiés dans les zones inondables joue un rôle majeur dans l’accroissement des risques d’inondation (G. Di Baldassarre et al., 2010, p. 1) . L’Afrique de l’ouest n’est pas épargnée. En effet, les inondations causées par des pluies torrentielles ont affecté 600 000 personnes dans 16 pays ouest africains en septembre 2009 (G. Di Baldassarre et al., 2010, p. 1) .
La Côte d’Ivoire, surtout sa capitale économique, ne fait pas exception à cette situation. En effet, Abidjan est l’une des villes les plus arrosées de la Côte d’Ivoire et les épisodes pluvieux ont une hauteur moyenne annuelle de 1739 mm sur la période de 1971 à 2000 (C. Hauhouot, 2008, p. 77) . Hormis leur abondance, les précipitations d’Abidjan sont redoutables par leur caractère continu et intense, mettant à rude épreuve la perméabilité des sols et les systèmes d’assainissement (C. Hauhouot, 2008, p 78). De ce fait, la ville d’Abidjan fait face chaque année à des pluies diluviennes. Par conséquent, elle est confrontée à des inondations meurtrières, laissant la population dans un désarroi total. Les dernières en date
sont celles de juin 2018. En effet, en juin 2018, Cocody a enregistré en moins de 24 heures (de 23 heures le lundi 18 juin 2018 au mardi 19 juin 2018 à 12 heures) une hauteur de pluie de 302,3 mm (Gouvernement de Côte d’Ivoire, 2019, p. 50) . Cette pluie inhabituelle, avec une période de retour de 150 ans, a engendré les inondations catastrophiques du 18 au 19 juin 2018 à Cocody, dont Palmeraie en a payé de lourd tribut (Gouvernement de Côte d’Ivoire, 2019, p. 50) . Quant à Agbekoi, des dégâts matériels ont été constatés à la suite de forts ruissellements. Dans l’ensemble, les inondations de juin 2018 ont fait une vingtaine de morts dans le pays (19 morts dans la ville d’Abidjan et 1 mort à Tiassalé) ( Croix-rouge Côte d’Ivoire, 2018, p. 15) . Au niveau des pertes et dommages, ils sont estimés à plus de 18 milliards de FCFA à Abidjan, tandis que les besoins ont été évalués à 205 milliards de FCFA (Gouvernement de Côte d’Ivoire, 2019, p. 9) . Ainsi, les études à ce sujet se sont attelées à faire, pour la plupart, des évaluations des pertes, dommages et besoin de ces inondations ou ruissellements. Toutefois, aucune étude ne s’est intéressée à la localisation des ménages victimes de ces inondations ou ruissellements catastrophiques de juin 2018. Cet article se propose donc de faire une cartographie des ménages victimes des inondations ou ruissellements de juin 2018 dans les quartiers Agbekoi et Palmeraie. Spécifiquement, il s’agira de décrire comment se manifestent les inondations ou ruissellements dans leurs quartiers et dans leurs cours/maisons, évaluer les dommages matériels et/ou humains lors de ces inondations ou ruissellements et enfin cartographier les ménages victimes. Les ménages victimes désignent les ménages ayant subi des dommages matériels et/ou humains lors des inondations ou ruissellements de juin 2018 et qui résident encore dans leur quartier jusqu’à la date de cette enquête.

Méthodologie

1.1-Situation géographique

La commune d’Abobo est située au nord de la ville d’Abidjan (Carte n°1). Quant à la commune de Cocody, elle est située au centre-nord d’Abidjan. Ces deux communes abritent respectivement les zones d’étude, à savoir Agbekoi et Palmeraie. En effet, Agbekoi est situé au centre-est de la commune d’Abobo. Avec une population de 81 781 habitants (INS- RGPH, 2014) , Agbekoi s’étend sur une surface de 134,720 hectares. Quant à Palmeraie, elle est située au centre-est de la commune de Cocody sur une surface de 236,453 hectares. Sa population est estimée à 16 732 habitants (INS-RGPH, 2014) .

Carte n° 1 : Localisation de Palmeraie et d’Agbekoi

1.2- Données et méthodes

1.2.1-Enquêtes de terrain

Les enquêtes de terrain ont été effectuées dans le cadre du projet EVIDENCE (Évènements pluvieux extrêmes, Vulnérabilités et risques environnementaux : Inondation et Contamination des Eaux) et se sont déroulées en plusieurs étapes. La première étape a consisté à faire une pré-enquête. L’objectif de cette pré-enquête était de dénombrer les ZD (Zone de Dénombrement) impactées fortement ou faiblement par le ruissellement à Agbekoi et les ZD inondables ou non inondables à Palmeraie. Dans le cas d’Agbekoi, la campagne s’est déroulée du 27 août 2018 au 03 septembre 2018. Elle a permis de dénombrer 49 ZD à fort ruissellement et 25 ZD à faible ruissellement sur un total de 74 ZD. Dans le cas de Palmeraie, elle s’est déroulée du 12 septembre 2018 au 18 septembre 2018. Elle a permis également de dénombrer 15 ZD inondables contre 08 ZD non inondables sur un total de 23 ZD. Cette enquête a permis d’évaluer et de cartographier les zones fortement touchées par les ruissellements à Agbékoi et les zones fortement touchées par les inondations à Palmeraie. La deuxième étape a consisté à faire une enquête auprès des ménages. En effet, pour cette enquête ménage, la taille de l’échantillon est prédéfinie par la nécessité d’avoir un échantillon représentatif et par des contraintes budgétaires à 500 ménages, soit 250 ménages par quartier. Cependant, après les enquêtes, trois ménages de plus ont été constatés. Des enquêteurs ayant fait plus que le nombre de ménages qui leur avait été assigné ; ce qui fait passer le nombre de ménages enquêtés à 503, soit 252 à Agbekoi et 251 à Palmeraie. Pour le choix des ménages à enquêter, en l’absence d’une liste exhaustive actualisée des ménages dans les quartiers, des points ont été générés aléatoirement avec le logiciel Qgis 3.10. La procédure suivante : « Vecteur » ; « Outils de recherche » ; enfin « Points aléatoires sur l’emprise d’une couche » du logiciel Qgis a été appliquée pour l’exécution de cette tâche sans définir une distance minimale de séparation entre les points. Ces points tirés aléatoirement ont ensuite été projetés sur une carte de localisation pour l’enquête ménage. Ainsi, chaque enquêteur devait retrouver la localisation de chaque ménage tiré aléatoirement en s’appuyant sur la carte de localisation des points tirés aléatoirement par quartier. Un seul ménage était enquêté par concession/logement sur la base du chef de ménage disponible. L’enquête a commencé le 07 décembre 2018 jusqu’en janvier 2019 dans les deux quartiers et a mobilisé 8 enquêteurs (4 par sites) avec un superviseur général. Avec un GPS (Système de Positionnement Global), un bloc note, une
carte de localisation par personne et un questionnaire, les ménages choisis ont été enquêtés. Les cartes n°2 a et b montrent la cartographie finale des enquêtés.

Cartes n° 2 a et 2 b : Localisation des ménages enquêtés à Palmeraie et Agbekoi

1.2.2-Traitement statistique et cartographique

L’analyse des données d’enquête ménage s’est faite avec le logiciel STATA. Cette analyse a permis de faire des tri-à-plats afin de sortir des tableaux statistiques simples. Aussi, la variable ‘’ statut de victime’’ est une variable composite. Elle a été créée à partir de plusieurs
variables, notamment les variables murs tombés, murs fendus, dommage au niveau du toit, perte de biens de consommation ou engin de déplacement, dommages corporels et bien d’autres dégâts à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018. Ces variables ont donc été regroupées en une seule variable dénommée ‘’statut de victime’’. Cette variable est binaire et prend la valeur 1 si le ménage est déclaré victime et la valeur 0 s’il est déclaré non victime.

Résultats

2.1-Manifestations des inondations ou ruissellements à Agbékoi et à Palmeraie

Cette section permet de comprendre comment se manifestent les inondations ou ruissellements dans le quartier et dans la cour des ménages à travers leur expérience.

2.1.1-Agbékoi et Palmeraie, deux quartiers contrastés en termes de phénomène naturel

Le tableau n 0 1 présente le type de phénomène naturel marquant survenant dans les deux quartiers étudiés.

Tableau n 0 1 : Type de phénomène naturel survenant dans le quartier

Le ruissellement est le plus observé à Agbékoi selon 87,30 % des répondants. Ce résultat pourrait s’expliquer par la topographie. En effet, Agbekoi est situé sur une surface inclinée du Nord-Ouest vers le Sud-Est (S. Dos Santos et al., 2023, p. 36) , ce qui sied au ruissellement.
A Palmeraie par contre, le phénomène dominant est l’inondation selon 66,53 % des ménages enquêtés. Ce résultat va dans le même sens que celui de M.K. Kablan (2017, p. 129) , qui estime que Palmeraie est l’un des points chauds d’inondation de Cocody.
Cependant, 22,71 % des ménages de cette zone d’étude avouent ne pas être affectés ni par les inondations, ni par les ruissellements. La planche photographique n 0 1 est illustrative du phénomène de ruissellement à Agbékoi (photo n 0 1a) et d’inondation à Palmeraie (photo n 0 1b).

Planche photographique n° 1 : Phénomènes de ruissellement et   d’inondation dans les quartiers étudiés

Cliché : Karamoko, 2020

Par ailleurs, les observations directes sur le terrain ont permis d’établir une carte des zones fortement touchées par les ruissellements à Agbékoi (carte n°3a) et les zones inondables à Palmeraie (carte n°3b). Au total, 49 zones de dénombrement (ZD), représentant 58 % de la superficie d’Agbékoi, sont sujettes à de fort ruissellement. Il s’agit de toute la partie Est du quartier. En effet, la topographie d’Agbékoi s’incline progressivement du Nord-Ouest vers le Sud-Est où le quartier est bordé par un ravin asséché. Cette inclinaison
fait d’Agbékoi une zone propice aux ruissellements (S. Dos Santos et al., 2023, p. 36) . A Palmeraie, 15 zones de dénombrement (ZD), soit 54 % de la superficie du quartier, sont sujettes aux inondations. Il s’agit de la partie centrale, qui correspond à un fond de vallée.
Ainsi, chaque année, cette zone, dénommée ‘’rue ministre’’ est confrontée à des inondations.

Cartes n° 3 a et n°3b : Zones à fort ruissellement ou inondées à Agbékoi et à Palmeraie

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

2.1.2-Niveau d’eau dans la cour/maison à Agbékoi et à Palmeraie

Les ménages ont été interrogés sur le niveau d’eau maximum atteint dans la cour ou la maison lors des inondations ou ruissellements spectaculaires de juin 2018. Il ressort de cette enquête que plus de 80 % des ménages n’ont pas subi d’inondation ou de ruissellement
spectaculaire en juin 2018 (Tableau n°2).

Tableau n°2 : Niveau d’eau dans la cour/maison lors des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

Au quartier Agbékoi, la majorité des répondants (93,65 %) n’ont pas subi d’inondation ou ruissellement dans leur cour/maison en juin 2018. Seulement trois (03) ménages (soit 1,19 %) ont indiqué un niveau d’eau élevé (au niveau du genou) et se localisent au Centre-Ouest
et au Sud-Est (carte n°4a).

Cartes n ° 4 a et 4 n° b : Niveau d’eau dans la cour/maison lors des inondations ou ruissellements de juin 2018 à Agbékoi et à Palmeraie

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

A Palmeraie, bien que la majorité des répondants (67,73 %) aient indiqué qu’ils n’ont pas subi d’inondation/ruissellement dans leur cour/maison en juin 2018, une proportion non négligeable (15,54 %) a cependant indiqué un niveau d’eau plus élevé (plus haut que le genou) et un niveau d’eau élevé au niveau du genou (6,77 %) dans leur cour/maison. Ils se localisent principalement sur tout le long de la partie centrale, notamment entre les deux systèmes de canalisation principale (carte n°4b). La photo n° 2 illustre les différents niveaux d’eau observés dans une cour à la suite des inondations de juin 2018 à Palmeraie. Ainsi, on peut observer un niveau d’eau allant jusqu’à l’épaule.

Photo n°1: Niveaux d’eau atteints lors des inondations de 2018 à Palmeraie

Cliché : Karamoko, 2021

2.2-Conséquences des inondations ou ruissellements de juin 2018 à Agbékoi et à Palmeraie

Des dommages matériels et humains (des pertes en vies humaines ou des blessés) ont été déclarés par des ménages à Agbekoi et à Palmeraie à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018.

2.2.1-Conséquences sur les biens matériels dans la cour/maison

Les biens matériels concernent les biens immobiliers, les biens d’équipement, les engins de déplacement et d’autres types de dégâts mineurs.

2.2.1.1-Dommages sur les biens immobiliers (l’habitat)

Les conséquences des inondations ou ruissellements sur l’habitat sont multiformes. Il s’agit des cas de murs tombés, des murs fendus et des dommages au niveau du toit (Tableau n°3).

Tableau n°3 : Nombre de ménages ayant subi des dommages au niveau des biens immobiliers

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

-Cas de murs tombés

     En ce qui concerne les murs qui sont tombés au niveau de la maison suite aux inondations ou ruissellements de juin 2018, 02 ménages à Agbékoi et 12 (soit 4,8 %) à Palmeraie ont été dénombrés. La photo n°3 illustre un cas de mur tombé à la suite des inondations de juin 2018 au quartier Palmeraie.

Photo n°2: Mur tombé à la suite des inondations des 18 et 19 Juin 2018 à Palmeraie

Cliché : Karamoko, 13/09/2018

Les cartes n°5a et b montrent la répartition spatiale des ménages ayant déclaré des murs tombés dans leur cour/maison à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018 à Agbékoi et à Palmeraie. Ainsi, nous pouvons observer à Agbékoi que ces 02 ménages se localisent respectivement au Nord-Est et au Sud-Ouest (carte n°5a). A Palmeraie, ils se localisent tout au long de la partie centrale aux alentours des canalisations principales (carte n°5 b).

Cartes n°5 a et n°b : Répartition des murs tombés dans la cour à Agbékoi et à Palmeraie lors des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête Evidence, 2018

-Cas de murs fendus

        Il faut noter que seulement 2,38 % des répondants à Agbékoi ont déclaré des murs fendus au niveau de leur cour/maison. Ces ménages se localisent au Nord-Est, au Centre et au Sud-Ouest à Agbékoi (carte n°6a). A Palmeraie, ce type de dommage a concerné 5,97 % des ménages. Ils se localisent sur le long du centre, notamment entre les canalisations principales (carte n°6b).

Cartes n°6 a et b : Répartition des murs fendus dans la cour à Agbékoi et à Palmeraie à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

-Dommages au niveau du toit

Des dommages au niveau du toit sont signalés par des ménages. A Agbékoi, ce sont 07 ménages, soit 2,78 % des répondants, qui ont déclaré des dommages au niveau de la toiture de leur maison. Ces ménages se localisent principalement au Centre-Ouest du quartier Agbékoi (carte n°7a). A Palmeraie, ce type de dommage a touché que 6 ménages (soit 2,40 % des répondants). Ils se localisent principalement au Centre de Palmeraie (carte n°7b).

Cartes n°7a et n°7b : Répartition de dommages de la toiture à Agbékoi et à Palmeraie à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

2.2.1.2- Conséquence au niveau des biens d’équipement et d’engins de déplacement

Outre les dégâts causés aux biens immobiliers, les populations ont subi également des dommages au niveau de leurs biens d’équipement et d’engins de déplacement (Tableau n°4).

Tableau n°4 : Part des ménages ayant subi des dommages au niveau des biens d’équipement et engin lors des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

- Dommages au niveau des biens d’équipement

      Les dommages au niveau des biens d’équipement concernent l’endommagement des appareils électroménagers, des télévisions, des réfrigérateurs etc. A Agbékoi, ces dommages concernent seulement 5 ménages, soit 1,98 % des répondants. Ils se localisent principalement au centre du quartier (carte n°8a). A Palmeraie, ce sont 60 ménages, soit 23,90 % des répondants, qui ont déclaré des dommages au niveau des biens d’équipement. Ces ménages se localisent principalement tout au long de la partie centrale, notamment entre les deux canalisations principales (carte n°8b).

Cartes n°8 a et n°8 b : Répartition des biens d’équipements endommagés à Agbékoi et à Palmeraie à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

-Endommagement des engins de déplacement

         Les dommages au niveau des engins de déplacement sont également constatés. Ces dommages concernent, pour la plupart, des engins à moteur (motos, voitures). A ce niveau, aucun dommage n’est déclaré à Agbékoi (Tableau n°4 et carte n°9a). A Palmeraie, 19 ménages (soit 7,57 % des répondants) ont déclaré des dommages au niveau des engins de déplacement. Ces ménages se localisent principalement au Centre de Palmeraie (carte n°9b).

Cartes n°9 a et n°9 b : Répartition de cas d’engins de déplacement endommagés à Agbékoi et à Palmeraie lors des ruissellements ou inondations de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

2.2.1.3-Autres dégâts à Agbékoi et à Palmeraie

D’autres types de dégâts, notamment de types mineurs, sont à déplorer (Tableau n°5).

Tableau n°5 : Autres types de dégâts dans le ménage

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

        A Agbékoi, ces dégâts concernent que 1,98 % des enquêtés. Ce sont essentiellement des plafonds mouillés par la pluie, des assiettes emportées par l’eau de ruissellement, la destruction de vivres, des fauteuils mouillés, la peinture du mur sali par l’eau et la dénudation de la fondation des maisons.

     A Palmeraie, nous déplorons la perte des documents administratifs importants, des fournitures scolaires, la perte de certains souvenirs, des plafonds mouillés, des vivres (les sacs de riz et de farine). Des chaussures, des vêtements et des pagnes traditionnels ‘’Kita’’ sont également mouillés par l’eau d’inondation. Certains ménages ont évoqué la destruction des enclos (poulaillers, des enclos de lapin), des pots de peinture, des paquets de ciments et la dégradation de la pelouse du jardin. D’autres ont également déclaré que leurs meubles, leurs fauteuils, leurs matelas et des tapis de grandes valeurs avaient été mouillés ou emportés par l’eau d’inondation/ruissellement. Ces dégâts ont concerné 16,73 % des répondants à Palmeraie (tableau n°5).

       Les cartes n°10a et n°10b montrent la répartition spatiale des autres types de dégâts dans la cour/maison à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018 à Agbékoi et à Palmeraie. A Agbékoi, il se localisent principalement au Centre-Ouest du quartier (carte n°10a). Tandis qu’à Palmeraie, ils se localisent principalement sur tout le long de la partie centrale, notamment entre les deux systèmes de canalisation principale à Palmeraie (carte n°10b).

Cartes n°10 a et n°10 b : Répartition des autres types de dégâts dans la cour/maison à Palmeraie et Agbékoi à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

2.2.2-Conséquences humaines au niveau du ménage

Les dommages humains (dommages corporels) concernent les cas de blessés et de décès dans le ménage à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018. Le tableau n°6 présente les proportions des ménages ayant subi des dommages corporels à la suite de ces inondations ou ruissellements.

Tableau n°6 : Dommages corporels dans le ménage en juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

       Aucun cas de dommages corporels n’a été déclaré à Agbékoi à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018 dans leur maison (Tableau n°6 et carte n°11a). Par contre à Palmeraie, 08 ménages, soit 3,20 % des répondants, ont déclaré des cas de dommages corporels dans leur cour/maison. Ce résultat concorde avec ceux des rapports de la Croix-rouge Côte d’Ivoire (2018, p.15) et du Gouvernement de Côte d’Ivoire (2019, p.9) qui ont montré que les inondations de juin 2018 ont fait une vingtaine de morts et des blessés à Abidjan. Les cas de dommages corporels à Palmeraie se localisent au Nord-Est, au Centre et au Sud-Ouest (carte n°11b).

Cartes n°11 a et n°11 b : Répartition des cas de dommages corporels dans la cour/maison à Agbékoi et à Palmeraie à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

2.2.3-Cartographie des ménages victimes des inondations ou ruissellements de juin 2018

Les victimes désignent les ménages qui déclarent avoir subi au moins un cas de dommages tels que murs tombés, murs fendus, dommage au niveau du toit, perte de biens de consommation ou engins de déplacement, dommages corporels et bien d’autres dégâts à la suite des inondations ou ruissellements de juin 2018. Le tableau n°7 présente la proportion des victimes par quartier à la suite des inondations ou ruissellement de juin 2018.

Tableau n°7 : Proportion des victimes des inondations ou ruissellements de juin 2018 par quartier

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

A travers ce tableau n°7, 4,76 % des répondants à Agbékoi se déclarent victimes. Ces ménages victimes se localisent principalement au Centre-Ouest du quartier Agbékoi (carte n°12a). A Palmeraie, ce sont 29,08 % des ménages qui ont été victimes. Ces victimes se localisent principalement sur tout le long de la partie centrale, notamment entre les deux systèmes de canalisation principale à Palmeraie (carte n°12b). Cette localisation correspond à la zone de la rue ministre qui est chaque année inondée pendant les saisons pluvieuses (A. Kangah et D.A Alla, 2015, p. 298). Aussi, le sous-dimensionnement de ce système de canalisation principale a contribué fortement à la survenue des inondations de juin 2018 à Palmeraie ; ce qui lui a valu d’ailleurs des travaux d’agrandissement par l’Etat.  

Cartes n°12 a et n°12 b : Localisation des ménages victimes des ruissellements ou inondations de juin 2018 à Agbékoi et à Palmeraie

Source : Enquête EVIDENCE, 2018

       Par ailleurs, cette cartographie est un outil d’une importance capitale pour une gestion efficace des inondations ou ruissellements d’autant plus qu’elle est faite à l’échelle du ménage. Elle permet une localisation précise des ménages victimes des inondations ou ruissellements. En ce sens, elle est une première en Côte d’Ivoire, la plupart des études agrégeant leurs données à des échelles plus globales, notamment le quartier (K.M. Brou, 2015, p 122 ; M.K. Kablan, 2017, p.134) et la commune (D.A. Della, 2013, p 154 ; J.H. Danumah et al., 2016, p.10).

Conclusion

Cette étude fournit une cartographie des ménages victimes ici définit comme les ménages ayant subi des dommages lors des inondations ou ruissellements spectaculaires de juin 2018 à Agbekoi et à Palmeraie. Les résultats révèlent que les manifestations des inondations ou ruissellements de juin 2018 à Palmeraie et à Agbékoi ont engendré des conséquences diverses. Ce sont des dégâts matériels et des dommages corporels. Au total, ce sont respectivement 4,76 % et 29,08 % des ménages enquêtés à Agbekoi et à Palmeraie qui ont été victimes des inondations ou ruissellements spectaculaires de juin 2018. La cartographie de ces ménages victimes indique qu’à Palmeraie, ils se localisent principalement sur tout le long de la partie centrale, notamment entre les deux systèmes de canalisation principale. A Agbekoi, ces ménages victimes se localisent principalement au Centre-Ouest du quartier. Cette cartographie à cette échelle fine est une première à notre connaissance en Côte d’Ivoire et pourrait être un outil de gestion efficace en cas de crise liée aux inondations/ruissellements. Il serait donc intéressant d’élargie cette étude à toute la ville d’Abidjan afin de connaitre non seulement la localisation précise des victimes des inondations ou ruissellements de juin 2018 mais aussi de retracer leur parcours depuis l’évènement. Aussi, cet article s’est focalisé sur les conséquences (matérielles et humaines) et la cartographie des victimes de ces inondations ou ruissellements de juin 2018, une autre étude devrait explorer ses causes.

Références