2020/Vol.3-N°5 : Système alimentaire urbain et santé en Afrique

9 |Conflits armés, reconfiguration spatiale des pôles de commerce et impacts sur la sécurité alimentaire à l’extrême-Nord Cameroun

Armed conflicts, spatial reconfiguration of the poles of commerce and impacts on food security in extreme North Cameroon

Auteurs

  • KOLAOUNA LABARA Bruno Attaché de recherche, Doctorant brunolabara@gmail.com, Département de Géographie, Université de Maroua-Cameroun
  • WOUDAMMIKE Joseph Enseignant-Chercheur, Chargé de cours woudamike@yahoo.fr, Université de Maroua-Cameroun

Mots-clés:

Conflits armés| reconfiguration spatiale| système alimentaire| sécurité alimentaire| marchés| Boko-Haram| Extrême-Nord Cameroun|

Résumé

Les activités économiques à l’Extrême-Nord depuis plus de sept ans connaissent des bouleversements imputables au conflit armé lié au groupe Boko-Haram. Les multiples attaques de cette bande ont causé de nombreuses pertes à la fois humaines et économiques, obligeant l’arrêt d’activités dans les marchés des zones à risque. Il s’agit dans le cadre de  cette étude de montrer comment ces mesures ont entrainé une reconfiguration spatiale des pôles économiques dans les zones où le conflit est plus intense. Les collectes et analyses de données sur les étendues des attaques, l’inventaire des lieux marchands fonctionnels et non fonctionnels, ainsi que les enquêtes par questionnaire auprès des commerçants et consommateurs, ont révélé que les zones frontalières avec le Nigéria dans les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga sont les plus visées par les attaques terroristes, et ont enregistré plus d’une trentaine de marchés fermés. Le nouveau paysage marchand est dès lors limité aux grands marchés communaux et met en lumière les pénuries en denrées alimentaires dues à la baisse de la production agricole dans les zones concernées, entrainant par la même occasion la flambée des prix des denrées sur les marchés fonctionnels. S’en suit une augmentation du taux de pauvreté entrainant la baisse du pouvoir d’achat et l’augmentation du taux de sous-alimentation et de malnutrition. Cette situation témoigne du lien intrinsèque entre la sécurité humaine et la sécurité alimentaire.

Introduction

Dans un système alimentaire, le but visé pour les acteurs du système est l’atteinte et le maintien de la sécurité alimentaire (J.M. Touzard et L.Temple, 2012, p. 3). Elle renvoie à une situation où tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active (FAO, 2013, p. 3). Vu sous cet angle, elle suppose pour une société, de disposer de possibilités permanentes de production, de distribution et de consommation de produits alimentaires en qualité et en quantité suffisantes.
Quatre dimensions sont à considérer en matière de sécurité alimentaire, à savoir : la disponibilité de la nourriture en quantité suffisante, la stabilité de l’approvisionnement,  l’accessibilité physique et économique des denrées, ainsi que la qualité et sécurité sanitaire des aliments (W. Kidane et al. 2006, p. 5). De ce fait, la rupture des liens entre ces étapes de production, distribution et consommation des produits alimentaires dans une société donnée contribuerait inéluctablement à inverser la dynamique du processus de sécurisation alimentaire. Cette dynamique régressive conduira la société à  une situation d’insécurité alimentaire.
Généralement, plusieurs facteurs ou phénomènes d’ordre naturels, socio-économiques, socio-politiques ou structurels peuvent contribuer dans une société à fragiliser la sécurité alimentaire, voire favoriser des risques d’insécurité alimentaire généralisée. Les cas tels que les catastrophes naturelles et dégradation de l’environnement, l’extrême pauvreté, la défaillance des systèmes de transport, les maladies épidémiologiques, l’insuffisance du développement agricole, la surpopulation ou encore les conflits politico-militaires, sont assez évocateurs à ce sujet (ACF, 2011, p. 18).
Le cas particulier des conflits politico-militaires ou conflits armés sont assez préoccupants, car ils affectent directement la sécurité humaine et sont susceptibles d’avoir des impacts plus rapides et dans une aire géographique plus étendue (commune, région, voire pays tout entier). Ce fait est récurrent en Afrique subsaharienne où les pays connaissent fréquemment des tensions politico-militaires faites de rebellions et insurrections armées. Ce qui est une menace majeure pour la sécurité alimentaire puisqu’en situation de conflit, les activités aussi bien de production, de transport que de commerce, se trouvent bouleversées du fait des restrictions de la circulation des personnes et des biens dans les zones affectées (FAO, 2000, p. 70). Or, l’Afrique est déjà connue comme étant le continent où les populations vivent le plus de la faim, à raison de 19,9% de la proportion mondiale pour le compte de l’année 2018 par exemple (FAO, 2019, p. 8).  
En considération de ce qui précède, le Cameroun ne serait pas épargné par cette situation, au regard des conflits armés qui sévissent dans le pays, notamment dans la région de l’Extrême-Nord. En effet depuis l’année 2013, cette région du pays est victime des attaques du groupe armé Boko-Haram, causant de grandes pertes matérielles et surtout humaines. Suite à ces attaques, les activités économiques ont été considérablement réduites. Dans les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga le phénomène est encore plus visible, car il s’agit des deux départements qui enregistrent le plus grand nombre d’assauts du groupe Boko-Haram. Dans ces départements, on rencontre plusieurs marchés qui représentent des pôles autour desquelles foisonnent les activités commerciales. Cependant, ce sont ces mêmes marchés qui constituent les principaux lieux ciblés par les assaillants pour perpétrer des attaques, car c’est au niveau des marchés qu’on rencontre les plus importants attroupements (Amnesty International, 2015, p. 35 ; R. Nana Ngassam, 2020, p. 32). Cette recrudescence des attaques ont conduit à la fermeture et l’arrêt des activités au niveau des marchés couramment attaqués, amenant à reconsidérer les possibilités de flux des personnes et des biens dans cette partie du pays, et ainsi réduire l’activité commerciale au niveau de quelques marchés restés fonctionnels.
Or, il va sans dire que ces marchés correspondent pour la plupart à des marchés de ravitaillement en produits alimentaires, pour lesquels la recrudescence des attaques apparait comme un catalyseur de la rupture entre les dimensions de production, d’approvisionnement et de consommation des produits agricoles qui caractérisent la sécurité alimentaire (A. Khazri, 2011, p. 7).
C’est en raison de cela que cette contribution suscite des interrogations visant à comprendre en quoi les conflits armés liés au phénomène Boko-Haram contribuent-ils à une transformation de l’espace commercial dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun ? En d’autres termes, comment ces conflits peuvent-ils reconfigurer les lieux et activités commerciales dans la région et comment cette reconfiguration spatiale impacte-t-elle sur la sécurité alimentaire, essentiellement tributaire du bon déroulement de ces activités commerciales ?
C’est dans l’optique d’apporter des réponses à ces préoccupations que cette étude vise tout d’abord à caractériser l’espace commercial dans la zone étudiée, par la suite à présenter les zones couramment attaquées par le groupe Boko-Haram ainsi que la reconfiguration spatiale des pôles commerciaux liée à ces attaques, pour terminer en déterminant les répercussions de cette reconfiguration sur les piliers de la sécurité alimentaire.

Méthodologie

1. Méthodologie

1.1. Zone d’étude

La zone considérée pour cette étude correspond aux deux départements de la région de l’Extrême-Nord Cameroun les plus touchés par les attaques de la bande armée Boko-Haram (Carte n°1). Il s’agit du département du Mayo-Sava (03 communes : Mora, Kolofata et Tokombéré) et du département du Mayo-Tsanaga (07 communes : Mokolo, Koza, Hina, Mogodé, Mozogo, Soulédé-Roua et Bourha). La zone, comprise entre 10, 075°N et 11,440°N, et entre 13,380°E et 14,500°E, est limitée au Nord par le département du Logone et Chari, au Sud par le département du Mayo-Louti dans la région du Nord Cameroun, à l’Est par le département du Diamaré, et à l’Ouest par le Nigéria, notamment l’Etat de Maiduguri.                                
Dans cette zone étudiée, on dénombre une population de plus de 1.180.000 individus, soit plus de 760.000 dans le Mayo-Tsanaga et 420.000 dans le Mayo-Sava, habitant sur une superficie de 7134 Km2, soit respectivement 2737 km2 et 4393 km2.

1.2. Collecte des données

L’étude obéit à une approche empirique et les résultats reposent sur l’exploitation de différents types de données, aussi bien secondaires que de terrain.
1.2.1. Collecte des données secondaires
Les données secondaires renvoient aux informations issues des études précédentes et des rapports. Il s’agit notamment des données sur les nombres d’attaques opérées par le groupe Boko-Haram dans la région, recueillies des rapports d’Organisations œuvrant sur le terrain telles que ceux de l’International Crisis Group de 2019. Il s’agit également des données sur les effectifs de personnes vivant en insécurité alimentaire recueillies auprès du Bureau OCHA Cameroun (2019).
1.2.2. Collecte des données primaires
Les données primaires concernent les données qui ont été directement collectées sur le terrain. Il s’agit des données spatiales sur l’identification et la localisation dans les communes des marchés fermés et ceux fonctionnels pour en déterminer la configuration spatiale. Un inventaire de ces marchés a été effectué et des relevés GPS ont été pris afin de produire les analyses cartographiques liés à la configuration spatiale des pôles commerciaux et leur évolution.
Les collectes de données de terrain concernent également les données d’enquête effectuées auprès des commerçants et des consommateurs des différents marchés pour en déterminer les caractéristiques des relations entre l’offre et de la demande, les produits alimentaires sollicités, les produits alimentaires en manque, ainsi que les perceptions de ces acteurs sur les tendances d’évolutions des prix des produits sur les marchés fonctionnels. Pour parvenir à cela, un échantillonnage a été préalablement établi. L’unité statistique choisie pour l’étude correspond à l’ensemble des personnes habitant les deux départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga, puisqu’il s’agit des départements les plus visés par les attaques de Boko-Haram. La base de sondage a été constituée des commerçants et des consommateurs qui fréquentent les différents marchés de la zone d’étude.
Pour réaliser les enquêtes par questionnaire, l’étude a privilégié l’approche d’échantillonnage empirique, car la base de sondage constituée des commerçants et des consommateurs correspond à une population infinie, donc non exhaustive. C’est ainsi que le plan d’échantillonnage par quota a été privilégié, afin de déterminer les nombres d’individus à enquêter pour chaque pôle commercial choisi, en s’appuyant sur la taille et le taux de fréquentation des marchés. Cette technique d’échantillonnage par quota a été filtrée par la technique d’échantillonnage par commodité où étaient choisis des individus statistiques d’accès facile, compte tenu des contraintes d’accessibilité liées à l’insécurité qui prévaut dans la zone. Un total de 80 individus ont à cet effet, été interrogés dans les marchés sur la période allant de Juillet à Octobre 2019, soit 39 personnes dans le département du Mayo-Sava et 41 personnes dans le département du Mayo-Tsanaga. Les entretiens portaient notamment sur le fonctionnement des marchés depuis le début de la crise, les dynamiques liées au ravitaillement des marchés fonctionnels, les tendances d’évolution des prix des denrées, ainsi que les stratégies mises en œuvre par les ménages pour optimiser l’approvisionnement en denrées. Par ailleurs, la zone étudiée étant une zone à risque, les entretiens se déroulaient suivant les orientations et assistances des comités locaux de vigilance, qui sont en charge du contrôle et de la surveillance communautaire dans les localités les plus risquées.

1.3. Traitement et analyse des données

Les données spatiales sur les nombres d’attaques terroristes et sur les répartitions des marchés fonctionnels et ceux non fonctionnels ont été traitées à l’aide du programme de Système d’Information Géographique QGIS version 3.8.3 (2019), afin de produire la cartographie de localisation et d’analyse des zone de conflits  ainsi que des liens entre conflits armés et reconfiguration des pôles commerciaux.
Les données statistiques issues des entretiens ont été traitées et analysées à l’aide du tableur XLSTAT 2019 afin de produire des résultats sur les tendances de marché et sur les perceptions des incidences en termes de pénurie des marchandises et d’impacts sur sécurité alimentaire. Il s’agissait précisément d’analyses statistiques descriptives portant sur les calculs des effectifs des produits manquants sollicités par les individus dans les marchés, ainsi que les calculs des fréquences et des moyennes des prix permettant de mesurer les seuils de hausse des prix des marchandises.

Résultats

2. Résultats

2.1. Etat de l’espace commercial dans les zones de conflits de l’Extrême-Nord Cameroun

Les pôles de commerce correspondent aux principaux lieux marchands rencontrés dans la région, qu’on soit en zone urbaine, péri-urbaine ou rurale. On distingue deux principaux types de marchés, en fonction de la temporalité et de l’étendue des activités (Carte n°3).
  • D’une part, on note les marchés de grande consommation encore appelés marchés stables. Ils renvoient aux marchés permanents, en considération de l’importance des flux de marchandises, des véhicules et des personnes. On les retrouve principalement dans les chefs de lieux de département et de communes à l’instar de Mora et Mokolo, ainsi que Kolofata, Tokombéré, Koza, Mogodé, Hina.
  • D’autre part, on note les marchés périodiques encore appelés marchés saisonniers ou de production. Ils correspondent à des marchés de très faible pouvoir d’achat, le tissus commercial est très limité et se rapporte principalement à des flux liés aux activités agricoles et pastorales. C’est le cas des marchés de Mémé, Doublé, Mada, Zamay, Roua, Zeleved, Kérawa, Amchidé.
Comme on peut l’observer sur la carte n°3, les marchés périodiques ou de production sont plus répandus que les marchés stables ou de grande consommation. Ce qui s’explique par la domination des activités de production rurale dans la région et aussi par le faible taux d’urbanisation et même de population urbaine.

2.2. La recrudescence des attaques de Boko-haram dans le Mayo-Sava et le Mayo-Tsanaga

L’insurrection Boko-Haram ayant commencé en 2009 au Nigéria, s’est étendue au Cameroun et dans la région de l’Extrême Nord dès l’année 2013 où les attaques ont commencé à être perpétrées sur le territoire camerounais. En évoluant dans leur stratégie d’attaque quittant des enlèvements et prises d’otages avec demande de rançon pour arriver aux assauts armés et attaques kamikazes, le groupe Boko-Haram a ciblé comme principaux sites d’attaque les différents marchés puisqu’ils rassemblent un grand nombre de personnes, donc un potentiel élevé de victimes. Les villes et villages dans les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga ont alors été principalement affectés (Carte n°3).
La carte n°2 montre que les attaques sont inégalement réparties dans les différentes communes de la région. Les communes les plus ciblées sont également celles qui connaissent les plus fortes pressions démographiques et intenses activités économiques, c’est le cas de Kolofata, Mora, Mozogo et Mokolo. Les attaques y sont quasi-quotidiennes, car au moins un village par jour fait l’objet d’une attaque. En effet, compte tenu des proximités géographique et culturelle avec le Nigéria, ainsi que de l’intensité des flux des personnes et des biens, ces localités du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga sont les plus infiltrées par les combattants de la bande armée Boko-Haram et les plus visés par les sévices de ce groupe. Les populations vivant dans les zones frontalières ont été les plus touchées par les exactions de la bande à cause notamment de la porosité des frontières.

2.3. Une reconfiguration des pôles de commerce en rapport avec les attaques terroristes

Pour faire face à la crise sécuritaire de Boko-Haram, des mesures ont été prises par l’Etat camerounais dès l’année 2014, consistant à limiter dans la région la circulation des personnes et des biens, avec un endurcissement dans les zones les plus couramment visées par les attaques terroristes. Parmi ces mesures on note la fermeture de plusieurs marchés en zone rurale et péri-urbaine afin de limiter les attroupements massifs et par ricochet réduire la fréquence et l’ampleur des attaques. Ces mesures ont été principalement appliquées dans les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga qui connaissent une forte pression démographique et un foisonnement d’activités économiques autour des marchés. Si cette mesure a considérablement réduit la fréquence et l’ampleur des attaques terroristes comme souhaité, elle a néanmoins été accompagnée par un bouleversement du système alimentaire, et ce, en termes de production et distribution des produits agroalimentaires constituant les principaux produits de vente desdits marchés. Dès lors, on assiste à une reconfiguration des systèmes et des espaces marchands, désormais réduits à quelques marchés et produits disponibles  dans ces zones.
Dans la zone considérée, les nombreuses attaques terroristes ont considérablement paralysé l’activité économique au sein des lieux marchands. Les autorités étatiques ont pris des décisions pour limiter la circulation des personnes et des biens dans les zones affectées, en instaurant notamment des couvre-feux quotidiens ou encore l’arrêt des transports à motos. Par ailleurs, avec la recrudescence des attaques de type kamikaze, d’autres décisions ont suivies, allant dans le sens d’une limitation, voire d’une interdiction des regroupements massifs. C’est ainsi que des marchés ont été fermés dans plusieurs localités de la région (Carte n°4). Ces marchés constituaient alors les principaux pôles des activités économiques des localités qu’ils couvraient.
Comme le montre la carte n°4, une trentaine de marchés ont été fermés dans les deux départements. On observe que c’est principalement les marchés périodiques qui ont été fermés. En plus, ces marchés désormais non fonctionnels se retrouvent le plus dans les zones où les attaques terroristes sont les plus élevées, notamment le long de la frontière avec le Nigéria voisin, dans les communes de Kolofata, Mora et Mozogo et Mokolo. Ces marchés frontaliers Cameroun-Nigéria sont justement les sièges des attaques les plus répétées et les plus sanglantes. Cette situation a conduit progressivement à une concentration des activités autour des marchés stables (Carte n°5).
La carte n°5 illustre en effet le fait que la fermeture des marchés telle que présentée dans la carte n°4 a abouti à l’émergence d’un paysage commercial désormais désagrégé, contrairement à celui d’avant la crise tel que présenté dans la carte n°3. Ce nouveau paysage commercial est le reflet d’un réseau d’échanges rural-urbain discontinu, lorsqu’on observe la connexion entre les marchés périodiques (milieu rural) et les marchés stables de grande consommation (milieu urbain). Les marchés périodiques ruraux restés fonctionnels ravitaillent en denrées agricoles et produits d’élevage (bétail et volailles) les marchés stables des localités urbaines. Les activités foisonnent désormais presqu’essentiellement autour des marchés stables, car ayant bénéficié dès le début de la crise, de dispositifs de sécurité qui les ont maintenu en activités.
Pour pouvoir s’approvisionner, les habitants des localités affectées sont contraints de se déplacer vers les marchés stables, sur une distance pouvant aller en moyenne de 05km pour les localités proches, à plus de 40km pour les villages éloignés. Pour réduire les fréquences et les coûts de leurs déplacements, les communautés s’organisent en groupes et chargent un petit nombre composé de deux à trois personnes pour effectuer les déplacements et les achats pour plusieurs ménages et familles à la fois, devant compter pour une longue durée (au moins un mois). Des postes de contrôle sont installés sur les principales voies de communication par les forces de maintien de l’ordre pour assurer la sécurité des personnes et des biens durant les trajets. En outre, des comités de vigilance communautaires créés au sein de chaque localité par les membres des communautés elles-mêmes, se joignent aux forces de l’ordre pour assurer la sécurité lors des déplacements vers les marchés. Ces comités de vigilance dans les villages et quartiers veillent également sur les magasins de stockage agroalimentaires et enclos à bétail aménagés, afin d’éviter les vols et pillages perpétrés par les extrémistes, en quête eux-aussi de ravitaillements alimentaires.

2.4. Incidence de la reconfiguration commerciale sur la sécurité alimentaire dans les zones de crise

La crise sécuritaire liée au phénomène Boko-Haram à l’Extrême-Nord Cameroun a favorisé la rupture des dimensions caractérisant la sécurité alimentaire et décrites en termes de disponibilité de la nourriture en quantité suffisante, de stabilité de l’approvisionnement, d’accessibilité physique et économique des denrées, ainsi que de qualité et sécurité sanitaire des aliments. L’on peut noter en effet que depuis le début des conflits, il y’a insuffisance dans la production et la distribution des denrées alimentaires, ainsi que des taux élevés d’inflation liés à la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.
2.4.1. L’indisponibilité de la nourriture en quantité suffisante
De cette nouvelle dynamique du système commercial, il ressort que la sécurité alimentaire est progressivement mise en péril dans les localités en crise à cause des attaques terroristes. Face à cela, les ménages se sont vus obligées de modifier leurs habitudes alimentaires. Les personnes interrogées dans le cadre de l’étude (Chefs de ménages et/ou épouses) ont révélé à 86,2% être passés de trois repas par jour à deux repas, pendant que 75,7% ont révélé être passés de deux à un repas par jour, pour l’ensemble des personnes du ménage.
En outre, du fait de l’insuffisance de denrées alimentaires, l’alimentation se trouve moins variée. Elle est constituée à 91% en zone rurale contre 65% en zone périurbaine et urbaine (chefs-lieux de communes), essentiellement de céréales et légumineuses. Des compléments alimentaires pour les enfants de moins de 05 ans sont très sollicités auprès des centres de santé et auprès des organisations internationales, ONG et programmes d’appui (PAM, HCR, UNICEF). Ces communautés affectées par la crise continuent d’espérer un retour rapide et définitif de la paix, pour endiguer cette situation.
2.4.2. L’approvisionnement réduit et instable en denrées alimentaires
Les conflits armés, ayant conduit à l’arrêt des activités commerciales dans plusieurs marchés et localités, ceux restés fonctionnels ont commencé à enregistrer des pénuries en marchandises, notamment en denrées alimentaires. En effet, face aux attaques, les plantations ont été abandonnées par les agriculteurs et l’activité agricole a cessé dans plusieurs villages, principalement ceux proches de la frontière nigériane, car les assaillants perpétraient également des attaques dans le but de s’approvisionner en denrées alimentaires et en bétail, causant par cette occasion les fuites des agriculteurs et des éleveurs. Le ravitaillement des marchés fonctionnels a donc connu une baisse en denrées agricoles (Figure n°1).
Le nombre de commerçants et de consommateurs dans les marchés étant en baisse, il est par conséquent devenu difficile pour les populations de se ravitailler convenablement, c’est-à-dire en qualité et en quantité suffisante.
Il ressort que les produits agroalimentaires sont les plus sollicités dans les marchés. Cependant on y enregistre une forte pénurie. Cette pénurie est directement liée à la cessation des activités culturales et du commerce à bétail. En outre, avec l’importance des mouvements migratoires liés aux arrivées massives des réfugiés, personnes déplacées internes et retournés, la demande s’avère plus importante par rapport à l’offre qui est en baisse (Figure n°2).
La figure n°2 traduit le fait que les besoins alimentaires des personnes victimes de guerre (déplacés internes, réfugiés, retournés) sont bien plus élémentaires et moins diversifiés que ceux des locaux. Leur niveau de revenus beaucoup plus faible en est le principal facteur.
2.4.3. La hausse des prix des denrées alimentaires
L’offre étant inférieure à la demande sans cesse croissante, les prix des marchandises eux-aussi ont connu une évolution croissante depuis le début des conflits (Figure n°3).
Il ressort que les prix des marchandises, du fait des pénuries connaissent des tendances à la hausse. Selon les données du MINADER, depuis 2014 les prix des produits alimentaires de base ont connu une hausse allant de 20% à 80%. Dans le cadre de cette étude en effet, il a été observé que les prix des denrées de base sur les marchés sont en hausse. C’est le cas par exemple pour les sacs de  céréales de 100kg qui coutaient respectivement 15 000 FCFA et 20 000 FCFA pour le sorgho et le maïs, qui sont passés à 25 000 FCFA (40%) et 30 000 FCFA (34%) à cause des pénuries. L’huile végétale d’01 litre est passée de 1000 FCFA à 2000 FCFA (100%), et 01kg de sucre est passé de 800 FCFA à 2000 FCFA (60%).
Dans la région, il se donne par ailleurs de constater que les produits ne sont plus vendus de la même manière dans les zones stables par rapport aux zones de conflits où les prix sont en nette augmentation. On entrevoit donc en cela des systèmes alternatifs qui sont liés aux nouvelles attentes des producteurs et commerçants qui vendent, des consommateurs qui achètent, ainsi que des politiques qui fixent les règles de fonctionnement du marché.
2.4.4. Des conséquences sanitaires des pénuries en denrées alimentaires
La relation entre les mutations des systèmes alimentaires et la sécurité alimentaire est perceptible au regard de la rupture de l’approvisionnement et la hausse des prix des denrées alimentaires  qui ont des répercussions graves sur le potentiel alimentaire des ménages, en particulier dans les pays en développement comme le Cameroun où la plupart de ces ménages consacrent la majorité de leurs revenus aux dépenses alimentaires. Les ménages pauvres, qui disposent de peu de moyens de survie, sont vulnérables. Lorsque les aliments de base sont chers sur les marchés, ces ménages vulnérables ont tendance à réduire la qualité de leur alimentation. Aussi les carences en micronutriments augmentent, entraînant des conséquences pour la santé et le bien-être. Or, en situation de sécurité alimentaire tous les membres d’une communauté devraient se sentir à tout moment à l’abri de la faim. L’absence de sécurité alimentaire ou insécurité alimentaire suppose alors soit la faim intervenant suite aux problèmes de disponibilité, d’accès et d’utilisation, soit la vulnérabilité à la faim pouvant survenir à l’avenir (PAM, 2009, p. 18).
Cette situation d’insécurité alimentaire et de vulnérabilité à la faim est allée crescendo sur la décennie 2009-2019, avec un pic en 2019, où plus de trois millions de personnes vivaient en insécurité alimentaire, dont 198 000 en insécurité alimentaire sévère. Parmi elles, 50% de personnes qui vivent en insécurité alimentaire se trouvent dans la région de l’Extrême-Nord. Par ailleurs 78 000 enfants de moins de 05 ans souffrants de malnutrition aigüe sévère ont été enregistrés en 2018, parmi lesquels trois sur cinq ont été enregistrés dans la même région de l’Extrême-Nord. Parmi ces enfants, deux sur cinq de moins de cinq ans vivent dans des familles de réfugiés ou de déplacés internes dans les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga, en proie aux exactions. En 2019, on y estimait 259 000 personnes dont 122 000 enfants de moins de cinq ans, soit 60 000 enfants souffrant de  malnutrition aigüe sévère et 162 000 souffrant de malnutrition aigüe modérée, ainsi que 38 000 femmes enceintes et allaitantes en situation de malnutrition aigüe (OCHA, 2019).
A cause des mutations structurelles, le taux de pauvreté dans la région a progressé de 20% depuis le début du conflit Boko-Haram en 2013, ainsi que le nombre de ménages vulnérables. Ce qui a considérablement dégradé les conditions de vie, baissé le pouvoir d’achat et aggravé la malnutrition.
A la lumière des informations du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), dans les zones touchées par les conflits à l’Extrême-Nord Cameroun ayant vu bon nombre de marchés fermés, on note une augmentation du taux de malnutrition aiguë de plus de 9%. Le MINADER va plus loin en indiquant que la situation s’est aggravée et les taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans a dépassé les 20% dans la plupart des localités touchées ; ce qui est de loin supérieur au seuil d’urgence de 15 % défini par l’Organisation mondiale de la Santé.

Conclusion

Conclusion

Pouvoir se mouvoir et se nourrir est un objectif quotidien pour tout être-vivant et les êtres humains en particulier. Qu’on soit aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine, la disponibilité et l’accès aux ressources alimentaires est fondamentale pour la santé et le bien-être des communautés et des citadins. Cette étude se proposait donc de montrer que les conflits armés conduisent à reconfigurer les lieux et activités commerciales dans la région, et que cette reconfiguration spatiale impacte sur la sécurité alimentaire des habitants. La recherche consistait ainsi à caractériser l’espace commercial dans la zone étudiée, présenter les zones couramment attaquées par le groupe Boko-Haram, présenter la reconfiguration spatiale des pôles commerciaux liée à ces attaques, et déterminer les répercussions de cette reconfiguration sur les piliers de la sécurité alimentaire. Les résultats issus de l’analyse des données de terrain et de la cartographie, ont permis d’identifier les zones les plus visées par les attaques terroristes, qui correspondent principalement aux zones partageant la frontière avec le Nigéria voisin, épicentre du conflit. Ces zones transfrontalières sont par nature des zones privilégiées d’échanges, donc qui connaissent une importante activité économique. C’est ce qui explique que de nombreux marchés, aussi bien de production que de grande consommation jonchent la ligne frontalière. Les résultats ont également montré que ces marchés dans les localités à risque sont ceux ayant le plus subi les effets des décisions de sécurité allant jusqu’à la fermeture totale et la cessation d’activités commerciales.  La fermeture d’une trentaine de marchés a contribué à reconfigurer le paysage commercial des zones de crises, eu égard au fait que les plus grands nombres de marchés non fonctionnels se retrouvent dans les zones ayant enregistré les plus grands nombres d’attaques terroristes. Les mesures de fermeture ayant été essentiellement observées au niveau des marchés périodiques, les activités commerciales se sont désormais concentrées au niveau des marchés stables et de grande consommation, notamment les marchés des chefs-lieux des communes et de département.
La reconfiguration de ce système commercial a directement influencé le système alimentaire, au vu de la nature presque essentiellement agroalimentaire des activités au sein des marchés. Des changements ont pu être remarqués au niveau de l’approvisionnement en denrées alimentaires qui est désormais très réduit du fait de l’abandon des activités agricoles dû aux conflits. La baisse de l’approvisionnement a contribué à la rareté des produits alimentaires et par conséquent à la hausse des prix pour les stocks de produits disponibles. Le conflit armé ayant également élevé le niveau de pauvreté et de vulnérabilité des communautés affectées, il a pu être observé la baisse du pouvoir d’achat face à la monté de l’inflation, créant une situation de déséquilibre entre l’offre et la demande. C’est ce déséquilibre qui constitue une menace directe pour la sécurité alimentaire, car les populations ne parviennent plus à bien se nourrir, faute d’accès aux denrées alimentaire de qualité et en quantité suffisante. L’impact sur le bien-être et la santé sont observés avec des taux croissants de sous-alimentation et de malnutrition, surtout féminines et infantiles.
Pour inverser cette tendance, des mesures d’accompagnement s’avèrent nécessaires, avec en premier lieu le renforcement de la sécurité dans les zones de crise pour le retour et le maintien de la paix, gages du bon déroulement de toute activité, aussi bien commerciale que de production. Il s’avèrerait également nécessaire dans les localités couramment visées par les attaques, de mettre en place des systèmes communautaires d’alerte précoce et de gestion des risques, matérialisés par des appuis techniques et matériels offerts aux comités de vigilance communautaires. Cette mesure devrait favoriser la surveillance des marchés, permettre des secours rapides, et permettre également de surveiller les prix des denrées et les flux commerciaux dans le but de les stabiliser.
Par ailleurs, il serait tout aussi important de soutenir les producteurs agricoles dans l’accès aux terres, aux semences et aux intrants afin de booster à nouveau la production et favoriser le ravitaillement permanent des marchés. Ceci implique donc de réduire la vulnérabilité des victimes des conflits par des mécanismes de protection sociale pour relever leur pouvoir d’achat à travers par exemple l’octroi de bons d’achats ou bons de réduction pour les produits de base, et ce, en fonction des degrés de vulnérabilité de chaque ménage. Ceci permettrait par corollaire, de s’assurer de ce que les activités commerciales concordent avec les objectifs de sécurité alimentaire recherchés. Cet aspect interpelle précisément le besoin d’approfondir également les recherches scientifiques sur les relations entre les conflits, le commerce et la sécurité alimentaire.

Références

Références bibliographiques

ACTION CONTRE LA FAIM, 2011, « Sécurité alimentaire et moyens d’existence », in Rapport d’activités 2011, Rapport, 48p.
AMNESTY INTERNATIONAL, 2015, Cameroun. Les droits humains en ligne de mire. La lutte contre Boko Haram et ses conséquences, Rapport, 81p.
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Publié

30 Juin 2020

Comment citer

Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé ,[En ligne], 2020,, mis en ligne le 30 Juin 2020. Consulté le . URL: https://www.retssa-ci.com/index.php?page=detail&k=99

Numéro

Rubrique

Territoires,Mobilités et Santé